L’éditorial d’avril d’Elisabeth Lévy
La plupart des gens pensent spontanément que lâcher un ami à terre n’est pas très glorieux. On se rêve plus volontiers en d’Artagnan qu’en Iago et même, dans le registre un peu plus sainte-nitouche, en Madame de Tourvel qu’en Merteuil. Et ce n’est pas un hasard si le premier mot du Chant des Partisans est « ami ». Or, par une maléfique inversion, la bonne société criminalise aujourd’hui la fidélité. Si un de vos amis est condamné pour masculinité toxique ou tout autre crime passible de la peine de mort sociale, à l’issue de l’un de ces procès en sorcellerie où l’accusation vaut condamnation, ces bons esprits n’auront qu’un mot d’ordre : aux abris ! Si vous tenez à votre carrière, à votre image, à vos invitations sur France Inter, désolidarisez-vous de l’individu que nous avons décidé de bannir. Pour écarter la foudre, le reniement doit être à la hauteur des attachements passés. Comment ai-je pu, toutes ces années, ne pas voir qu’un monstre se cachait derrière l’homme que je croyais connaître. Moi qui ai toujours lutté pour les femmes, je
