En publiant deux livres presque simultanément, Patrick Besson fait coup double. Quel est le con… est un recueil de certaines de ses chroniques du Point, et Presque tout Corneille un thriller complètement barré, inspiré par la tragédie classique. À l’occasion de ces publications, il s’est prêté à un petit jeu des questions / réponses.
Patrick Besson nous donne à lire deux opus en à peine deux mois. Et c’est du bon, de l’excellent ! Quel est le con…, le premier livre (publié chez le très rock et audacieux éditeur Erick Bonnier) est un recueil de certaines de ses chroniques du Point. Le second, Presque tout Corneille, est un court thriller bien allumé, à la fois cruel et drolatique, inspiré par la tragédie classique, ici incarnée par le créateur du Cid. On rigole ; on s’indigne. On se régale. Nous l’avons rencontré. Interview coup de poing dans la gueule aux idées reçues et toutes faites.
Causeur. Les chroniques de Quel est le con… sont-elles inédites ou ont-elles déjà été publiées ? Si c’est le cas, dans quels journaux ou revues ?
Patrick Besson. Toutes ont été publiées dans Le Point.
Et pourquoi cet excellent titre ?
Quel est le con… qui a écrit ce livre ?
Que veux-tu montrer ou dénoncer ou affirmer avec ce recueil ?
Mon ennemi : le pompiérisme idéologique et ses ridicules manifestations…
« Brasillach dans la poche » s’attaque à l’intolérance rance qui pollue l’époque. Peux-tu revenir là-dessus ?
Rebatet, Céline, Morand, Charonne, Drieu et Fraigneau sont encore en librairie : pourquoi pas Brasillach ?
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« Faim de carrière » évoque l’inénarrable Jack Lang. Que penses-tu du personnage ?
Il me fait rire, c’est déjà pas mal.
Page 136, tu rappelles qu’au XVIIe siècle, tous les écrivains français portaient une épée. Tu pourrais en porter une, si tu rejoignais l’Académie française ? Ça ne te tenterait pas ?
J’attends ma centième année pour te répondre.
Tu publies ton recueil chez Erick Bonnier, dans une collection sacrément rock’n’roll. Comment vous êtes-vous rencontrés ? T’a-t-il sollicité ? Ou est-ce toi qui as fait la démarche ? Et parles-nous de tes goûts en matière de rock ?
C’est Marc Dolisi qui me l’a présenté ; c’est le fils d’Henry Bonnier que j’aimais bien quand j’ai signé chez Albin Michel. Mes goûts en rock ? John Lennon, c’est tout.
« Tu connais quelqu’un qui parle bulgare, toi ? »
Passons à Presque tout Corneille. Rarement polar n’aura été aussi original tant dans la forme que dans le fond. Pourquoi un tel livre ?
Il n’y a aucune raison logique.
As-tu lu tout Corneille pour écrire ce roman ? L’apprécies-tu ?
Presque tout Corneille. J’aime beaucoup cet auteur surtout les pièces qu’il a écrites sous le nom de Molière (Le Misanthrope, Les femmes savantes, etc.).
Pourquoi l’avoir situé en Corse ? As-tu visité l’île de Beauté ?
J’ai découvert la Corse avec ma troisième ex-femme, à moitié corse. C’est une jolie terre d’amour.
La vengeance est presqu’un personnage de ton livre ; pourquoi (en dehors de Corneille, bien sûr) ? Serais-tu rancunier ?
Je pardonne mais je n’oublie pas.
Ne crains-tu pas d’effrayer les rédacteurs en chef et/ou directeurs de publication qui t’emploient ?
Ils sont encore plus durs que moi.
Pourquoi nous présenter un enseignant de langue bulgare. Aimes-tu ou non la Bulgarie ? Ne crains-tu pas de te faire piquer par un parapluie ?
Tu connais quelqu’un qui parle bulgare, toi ?
Tu as choisi de mettre dans la bouche de ton inspecteur une cigarette électronique. Pourquoi ? Les vapoteurs te gonfleraient-ils ?
J’ai horreur de l’électronique, y compris dans les cigarettes. Toutes ces vapeurs, on dirait des vieux trains.
Prépares-tu un nouveau livre ? Roman ? Chroniques ? Nouvelles ? Essai ? Pour quand ?
Je viens de terminer un roman : Jennifer Carpenter. J’en prépare un autre, beaucoup plus drôle : La vieillesse, la solitude, la maladie et la mort. Je dois aussi donner à Plon Le dictionnaire amoureux du communisme.
Patrick Besson ; Quel est le con… ; éd. Erick Bonnier ; coll. Encre Rock ; 152 p.
Patrick Besson ; Presque tout Corneille ; Stock ; 111 p.