Qu’est ce qui permet de fermer une chaîne de télé populaire ou d’interdire l’expulsion de terroristes étrangers ? L’État de droit ! Une poignée de hauts magistrats biberonnés au progressisme ont prééminance sur les pouvoirs exécutif et législatif issus des urnes. Un dispositif conçu pour dissuader les gouvernants d’abuser de leur pouvoir leur interdit désormais de l’exercer.
L’État de droit a encore frappé. Sa dernière fantaisie, décrétée par ses plus hautes instances, a été de fermer une chaîne de télévision. Sans doute celle-ci n’était-elle pas le royaume de la distinction, mais on ignorait que les régulateurs fussent si intraitables sur les bonnes manières. De plus, C8 ayant déjà été lourdement sanctionnée pour ses manquements, il faut croire que dans ce domaine, la « double peine », si contraire aux droits de l’homme quand il s’agit de délinquants étrangers, est parfaitement légitime. S’ils avaient pu embastiller Hanouna pour protéger la jeunesse et les bonnes mœurs, les conseillers d’État, qui ont validé la condamnation à mort prononcée par l’Arcom, l’auraient certainement fait.
La sauvegarde du pluralisme…
Cyril Hanouna n’est pas Voltaire qu’on assassine. Mais son émission séduisait la jeunesse des banlieues autant que celle des campagnes, des mélenchonistes comme des lepénistes. Peut-être parce que tous les points de vue et tous les sujets y avaient droit de cité et que, entre commentaires oiseux sur les dernières frasques des people et grosses blagues qui tachent, on pouvait y voir de vrais débats sur le mode castagne. C’est le seul plateau où j’ai pu croiser le fer avec un islamiste qui menaçait une prof, un ex-dealer et futur député extrême gauchiste, un chroniqueur cochant toutes les cases de la rien-pensance. Et ce n’était pas du chiqué.
Qui l’eût cru, les magistrats de la section du contentieux du Conseil d’État ont de l’humour. S’ils ont entériné la fermeture de C8, c’est… pour sauvegarder le pluralisme. Dans sa décision du 19 février, le Conseil affirme que l’Arcom choisit « les projets qui contribuent le mieux à la sauvegarde du pluralisme des courants d’expression socioculturels, lequel participe de l’objectif de valeur constitutionnelle de pluralisme des courants de pensée et d’opinion […] ». Pour Jean-Éric Schoettl qui pratique cette langue obscure, c’est une jurisprudence anti-Bolloré qui s’inscrit dans le droit fil de la jurisprudence Hersant concoctée il y a quarante ans. À la manœuvre alors, le Conseil
