La victoire écrasante de notre XV de France contre l’Irlande nous rapproche d’un possible sacre dans le tournoi des Six Nations. Un exploit terni par la blessure d’Antoine Dupont au genou, l’obligeant à s’éloigner des terrains pour une durée de six à huit mois, ce qui ne doit pas nous décourager pour le match décisif contre l’Écosse samedi prochain.
Très probablement, les Bleus regretteront amèrement samedi soir prochain leur très malencontreuse et frustrante défaite contre les Anglais lors de la deuxième journée du tournoi des Six nations.
Un tournoi en dents de scie
Alors qu’ils avaient match gagné à trente secondes du coup de sifflet final avec une avance hélas de seulement six points (25 à 19), un perfide joueur du XV de la Rose, à la suite d’une touche obtenue sur pénalité aux 5 mètres de l’en-but tricolore, esquiva un placage, parvint à s’infiltrer dans un mince interstice de la défense, et alla aplatir entre les poteaux assurant du même coup la transformation qui donnait une inespérée victoire, 26 à 25, à son équipe. Ce petit point à leur désavantage privera en conséquence les Français du grand chelem, objectif qu’ils s’étaient fixé.
En revanche, leur époustouflante et improbable victoire, 42 à 27, samedi dernier, à Dublin, contre les Irlandais, grands favoris de cette 25ᵉ édition, leur offre une très sérieuse option de décrocher le titre. Jusqu’alors, ces derniers faisaient figure d’invincibles sur leur terre. En effet, sur 31 matches disputés à domicile, le XV du Trèfle n’avait perdu que deux. Et sur les quinze rencontres dans le cadre des Six nations disputées ces trois dernières années, il n’a concédé également que deux défaites.
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En tête du classement après cet exploit inattendu en Irlande, les Bleus sont enfin en bonne posture pour décrocher le titre qui leur échappe depuis 2022, où ils avaient réalisé le grand chelem. Les deux années suivantes, ils ont terminé seconds derrière ces mêmes Irlandais. En vérité, tout se jouera au cordeau samedi qui vient entre trois équipes, France, Angleterre et Irlande qui affronteront respectivement l’Écosse, le Pays de Galles, et l’Italie. En principe, ces trois en lice pour le trophée devraient gagner leur match.
Victoire impérative
Dès lors, pour que la France conquière le Graal, elle doit vaincre l’Écosse (21 h au Stade de France) avec un bonus offensif. Ce qui est de l’ordre du possible au vu de la prestation samedi passé des Écossais contre les Gallois. Ces derniers n’ont aucune victoire à leur actif et seront gratifiés de la cuillère de bois qu’on décerne au dernier. Ils ont même été tenus en échec par l’Italie (22 -15).
Le XV écossais dont l’emblème est le chardon ne s’est imposé face au XV gallois qui a, lui, pour emblème le poireau, que par 35 à 29 alors que ces mêmes Rouges gallois n’avaient même pas inscrit la moindre pénalité contre les Bleus qui l’avaient emporté sur un implacable 43 à 0. Il s’en est en outre fallu de peu que les Gallois ne renversent la table dans les dernières minutes contre les Écossais. Ils ont raté d’un poil un essai qui leur aurait donné la victoire.
Si d’aventure, les Français ne s’octroient pas le bonus offensif face à ces derniers, le titre dépendra du « goal-average », à savoir la différence positive ou négative entre les points marqués et encaissés. À la condition expresse cependant que l’Angleterre ne décroche pas de son côté un bonus offensif face au Pays de Galles. Sur le papier, cela paraît hypothétique si on se fie au demeurant à deux résultats significatifs : l’Irlande a vaincu le Pays de Galles par 27 à 18 et l’Angleterre par 27 à 22, en somme Gallois et Anglais ont fait en la circonstance presque jeu égal entre eux. À cela s’ajoute que les Anglais se sont imposés face aux Italiens par 47 à 24 alors que les Français l’avaient emporté par 73 à 24, le score le plus élevé depuis la création des Six nations en 2000, ainsi que le second plus élevé cette fois contre l’Angleterre, un 53-10, en 2023.
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Digression pas superflue, le 73-24 est aussi le troisième score le plus élevé de toutes les compétitions internationales depuis la création de la coupe du monde en 1997. Les Bleus détiennent aussi le second plus élevé pour la même période, un 96-0 contre la Namibie lors de la coupe du monde de 2023. C’est l’Australie contre cette même Namibie, lors de cette même coupe, qui détient le record du score fleuve avec un 142 à 0. Juste un peu moins que sa victoire en 1995 par 145 à 7 contre le Japon en match amical, soit un rythme d’un essai toutes les quatre minutes. Autrement dit, remise en jeu et essai dans la foulée.
Si le titre doit dépendre du « goal-average », les Bleus ont un net avantage sur leurs deux sélections rivales. Avec une différence de 106 points en leur faveur, ils disposent d’une confortable avance sur les Anglais dont le solde positif est de 20 points et celui des Irlandais de 14. Comme le souligne L’Équipe de lundi, « on voit mal les Bleus, qui ont inscrit 26 essais lors des quatre premiers matchs, se faire rattraper ». En outre, avec ces 26 essais, ils ne sont qu’à trois de moins du record détenu par les Anglais de 29 qui pourrait donc tomber dans leur escarcelle si la victoire est au rendez-vous contre les Écossais. En revanche, la probabilité que l’Irlande l’emporte est très ténue. Il faudrait que la France perde ou fasse un nul et qu’elle fasse un score fleuve contre l’Italie qui joue à domicile.
Changement de stratégie !
Depuis 2010, l’Irlande s’est imposée cinq fois, Pays de Galles et Angleterre, quatre fois, et la France seulement deux fois. Si elle inscrit une troisième fois son nom au palmarès, elle le devra certes à ses joueurs mais surtout à son intrépide entraîneur Fabien Galthié qui, après la défaite contre l’Angleterre, n’a pas hésité à chambouler sa stratégie. Il s’est inspiré de celle de l’Afrique du Sud, actuelle championne du monde, qu’on qualifie de « bomb squad » (équipe bombe). Elle consiste à donner mission aux lignes d’avants de laminer, sans retenue, les premières lignes adverses pour ensuite lâcher la cavalerie légère des arrières pour que celle-ci aille à bride abattue et par rafales à l’assaut de l’en-but opposé.
Elle est en somme au rugby le pendant de la théorie de « la guerre absolue », de Clausewitz, à « savoir une montée aux extrêmes pour anéantir l’ennemi ». Nous y reviendrons sur cette option stratégique de Galthié, dont le choix avait été accueilli avec scepticisme, voire inquiétude, par les commentateurs, si sa pertinence est confirmée (ou non) samedi soir au Stade de France. Souvent les Écossais à défaut de ne l’avoir jamais gagné jouent les trouble-fête de ce tournoi.
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