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Patrimoine littéraire: à vos tire lire pour «Tétras Lire» !

Le magazine littéraire qui ne prend pas la jeunesse pour plus bête qu’elle est…


Patrimoine littéraire: à vos tire lire pour «Tétras Lire» !
© Éditions Alba Verba

Tétras Lire fête son 100ème numéro ! C’est l’occasion de découvrir cette revue pour les enfants de 8 à 12 ans et plus éventuellement, car il y a des parents ou des grands-parents qui découvrent à cette occasion des textes qu’ils n’avaient jamais lus… Parce que Tétras Lire mise sur de grands auteurs français et étrangers, et sans édulcorant s’il vous plaît !


A une époque où l’on réécrit des textes pour les expurger des propos « nauséabonds » ou encore, pour les mettre à la portée des caniches et ainsi ravager le texte originel au motif que les enfants n’auraient pas le vocabulaire requis, la revue Tétras Lire fait le pari des textes sans adaptation et sans réécriture.

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Par ailleurs, loin des textes moralisateurs qui vous font la leçon à partir du mouton noir exclu du troupeau par les moutons blancs, et que c’est pas bien d’exclure, surtout s’il est noir, surtout s’il est tout seul, et tu seras gentil avec tes camarades, hein ?!, loin donc de toute cette moraline qui n’a jamais moralisé personne (ah, s’il suffisait de dire « il faut » pour que cela se fasse, il y a belle lurette que l’humanité serait douce comme un agneau!), loin c’est peu dire de tout cet affadissement et cette tromperie, la revue en question propose chaque mois un auteur : Jules Verne, Hérodote, Ovide, Pouchkine par exemple, l’introduit avec un dossier biographique, continue avec un texte de l’auteur accompagné d’une très belle iconographie ; texte où les mots difficiles sont en gras avec un lexique dans la marge pour expliquer ce qu’ils signifient, le poursuit avec un questionnaire concernant le récit, mais aussi des jeux, des recettes de cuisine en rapport avec l’histoire, une compilation sur le thème de celle-ci, bref, un ensemble aussi sérieux que distrayant.

Style littéraire enchanteur

J’ai lu celui consacré à Pierre Loti. Ce sont des extraits du « roman d’un enfant », intitulés Les cousins du Midi, et magnifiquement illustrés par Laurence Bost. Le mouvement des bambins courant autour d’une table ou sur un chemin de Provence est rendu de manière admirable. C’est joyeux, ensoleillé, recueilli aussi. Et la langue n’ignore ni le passé simple ni le lexique merveilleusement dépaysant : « Vers le milieu du jour, pendant une halte pour faire reposer nos chevaux aux creux d’une vallée d’ombre, dans un village perdu appelé Veyrac, nous nous assîmes au pied d’un châtaignier, – et là, nous fûmes attaqués par les canards de l’endroit, les plus mal élevés du monde, s’attroupant autour de nous avec des cris de la plus haute inconvenance. Au départ donc, quand nous fûmes remontés dans notre voiture, ces bêtes s’acharnant toujours à nous poursuivre, ma sœur se retourna vers eux et, avec la dignité du voyageur antique outragé par une population inhospitalière, s’écria : « Canards de Veyrac, soyez maudits ». Et à ceux qui ont peur d’une langue qu’ils ne maîtriseraient pas, je dirai qu’il ne s’agit pas toujours de maîtriser quoi que ce soit, mais de se laisser porter par un style qui enchante.

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Et si les canards ne vous ont pas suffi, voici le narrateur qui, pour se distraire un matin pluvieux, décide de faire fondre une assiette d’étain et de la jeter ensuite dans un seau d’eau ; geste qui lui donnera une idée… « Le lendemain donc, à mi-montagne, comme nous arrivions dans un chemin, délicieusement choisi du reste, solitaire, mystérieux, dominé par des bois et très encaissé entre de hautes parois moussues, j’arrêtai ma bande, avec un flair de chef Peau-Rouge : ça devait être là ; j’avais reconnu la présence des gisements précieux, – et, en effet, en fouillant à la place indiquée, nous trouvâmes les premières pépites (l’assiette fondue que, la veille, j’étais venu enfouir). Ces mines nous occupèrent sans trêve pendant toute la fin de saison. Eux, absolument convaincus, émerveillés, et moi, qui pourtant fondais tous les matins des couverts et des assiettes de cuisine pour alimenter nos filons d’argent, moi-même arrivant presque à m’illusionner aussi. »

C’est bien simple, en ces temps d’Histoire lourde comme le couvercle de Baudelaire, et pour fêter l’arrivée du printemps et qui sait, le retour de l’Eden, je m’abonne tout de suite !

Découvrez les anciens numéros de cette belle revue basée à Lyon ici.



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Professeur de lettres modernes à la retraite, ayant enseigné dans le 93.

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