Mario Balotelli est un grand joueur de football. De graves problèmes de santé à sa naissance, la situation matérielle très précaire de sa famille biologique, le verront placé dans une famille d’accueil qui l’élèvera et qu’il considérera toujours comme sa vraie famille. D’origine ghanéenne mais par choix, de nationalité italienne, il dira lors de l’acquisition au moment de son 18e anniversaire : «Je suis italien, je me sens italien, je jouerai toujours pour l’équipe nationale d’Italie ». Évoluer au plus haut niveau dans le championnat italien en étant noir, n’a pas toujours été facile. Les cris de singe, et les lancer de bananes, il connaît. Il n’aime pas trop. Mais en équipe nationale il fait le job. Même s’il est incontestable qu’il est un peu foutraque. Ceux qui furent ses mentors disent qu’il est ingérable pour Mourinho ou carrément fou pour Roberto Mancini. Il conteste reconnaissant simplement « qu’il fait parfois des choses étranges »… Au moment de l’euro 2012 j’ai le souvenir d’une soirée de juin sur la grande place de Lucque à regarder sur écran géant la demi-finale contre l’Allemagne. Remportée par l’Italie grâce à deux missiles de « Super-Mario ». De l’ovation de la petite foule rassemblée sous les platanes lorsqu’il quitta le terrain. Vous avez dit racisme ?
Super-Mario, c’est son surnom en référence au mythique personnage de jeu vidéo, a tenté un clin d’oeil qu’il espérait antiraciste sur Twitter. Malheureux ! À côté du portrait du célèbre plombier virtuel il a écrit : «Ne soyez pas raciste. Soyez comme Mario. C’est un plombier italien, créé par des Japonais, qui parle anglais, ressemble à un Mexicain, saute comme un noir et attrape des pièces comme un Juif.»
Pas mal. Ah mais non, la sentence du tribunal de l’Inquisition est immédiatement tombée : « dérapage raciste ». Pardon ? Si si, dérapage raciste. Déferlement d’insultes sur les réseaux, ouverture d’une instance disciplinaire par la Fédération Anglaise de Football, suspension prévisible. Et ce n’est pas sa défense bien misérable qui risque de lui éviter l’opprobre et la sanction. Il rappelle qu’il est noir, italien et que sa mère (qu’il adore) est juive. On avait attribué à Sammy Davis Jr grand artiste américain aujourd’hui disparu une citation apocryphe assez drôle. À un golfeur qui lui demandait quel était son handicap il aurait répondu : « Je suis noir, je suis borgne et je suis juif.. Ce n’est pas suffisant ? ».
Pour Balotelli, le handicap principal c’est de vivre dans une époque absurde.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !