Rien à sauver chez Ruquier


Quelques célébrités se demandaient durant l’émission « On n’est pas couché » pourquoi tant de jeunes Français quittaient leur beau pays pour des lieux moins engageants comme la Syrie ou l’Irak. D’autres voulaient savoir pourquoi les forces du mal , c’est-à-dire le  Front national, progressaient à une telle allure chez les étudiants. « C’est une énigme « , clamait l’une.  » Un désastre « , surenchérissait une autre. Bien évidemment, cela n’a aucun rapport avec l’islam, religion si paisible, et moins encore avec l’immigration. « Sans doute, les réseaux sociaux », intervenait une troisième.  La réponse était pourtant simple : à force de regarder Ruquier le samedi soir, l’envie vous prend d’être ailleurs, hors du monde, même en enfer. Tout, mais pas ça !

Ce festival d’hypocrisie et de bienpensance, cette lobotomisation hebdomadaire sur des thèmes récurrents comme le mariage pour tous, les vilenies de Zemmour ou la défense des trente-cinq heures finissent par nous donner l’impression d’être dans un bocal de  formol dont il convient de s’échapper au plus vite, d’autant que la promiscuité avec le preux chevalier blanc, Aymeric Caron, peut facilement vous conduire à l’échafaud.

Si j’ai bien compris, au départ « On n’est pas couché » signifiait qu’on ne se couchait pas face aux idéologies dominantes et aux hommes qui les incarnaient. Aujourd’hui, on ne fait plus que cela. C’est ce qu’on appelle vieillir. Chaque invité, enfermé dans sa propre mort, affirme en rigolant que « ça va ». Ceux qui sont un peu plus malins ou un peu plus lucides prennent la fuite : tout, mais pas ça. Pour les autres, pas grand-chose à retenir, sinon que Kev Adams fait rire les adolescents, que Michel Boujenah aime les nichons, que Léa Salamé sera sans doute la femme de l’année, qu’Aymeric Caron a cassé sa chaise et que le centre a un nouveau leader, Jean-Christophe Lagarde, aussi insignifiant que son prédécesseur, Jean-Louis Borloo, pouvait être drôle.

Même avec la meilleure volonté du monde, rien à sauver chez Ruquier. Comme dit un de mes amis, l’actualité, quelle belle invention, elle permet de se foutre de tout !



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