Depuis l’entrée en fonction du recteur Chems-Eddine Hafiz, la Grande Mosquée de Paris est plus que jamais le porte-voix du régime algérien. Son patron, qui a aussi la mainmise sur la certification halal, estime que tous les Français devraient prendre sa communauté pour modèle.
« Le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine. » C’est par ces quelques mots, adressés dans une lettre officielle à Mohammed VI en juillet dernier, qu’Emmanuel Macron a déclenché la plus grave crise diplomatique que la France ait jamais connue avec l’Algérie. Pouvait-il se douter que le régime du président Tebboune, en rétorsion, laisserait carrément arrêter un écrivain franco-algérien, Boualem Sansal, retenu depuis en otage (il n’y a pas d’autre mot) dans une prison à Alger au seul motif qu’il reconnaît lui aussi, la « marocanité » de l’ancienne Afrique occidentale espagnole ?
La missive présidentielle qui a mis le feu aux poudres ne fait toutefois pas cas d’un autre territoire disputé entre le Maroc et l’Algérie. Un territoire certes minuscule, mais ô combien symbolique et stratégique : la Grande Mosquée de Paris. Érigée juste après la Grande Guerre par la IIIe République pour rendre hommage aux 70 000 soldats musulmans (tirailleurs algériens et tunisiens, goumiers marocains, méharistes et spahis), qui venaient alors de tomber pour la France, elle est, avec son minaret de 33 mètres de haut, la première mosquée construite en Occident depuis la chute du royaume musulman
