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XV de France: pas encore au point!

Oh, my god ! What a crazy crunch ! *


XV de France: pas encore au point!
Célébration anglaise après l'essai d'Eliott Dally à la 79ème minute © Anthony Hanc/Shutterstock/SIPA

Samedi dernier, la France s’est inclinée par un petit point d’écart contre l’Angleterre (26-25), mettant fin à quatre ans d’invincibilité française contre son adversaire de toujours…


Une du Midi Olympique, journal français du rugby de référence, 10 février 2025.

Le XV de la Rose a donné raison à Pythagore, philosophe et mathématicien de la Grèce antique dont le théorème « le carré de l’hypoténuse… » nous a fait découvrir à notre adolescence les joies et les désagréments de la géométrie. Selon lui, « rien n’est impossible même l’invraisemblable ». Et, en effet, l’invraisemblable s’est produit samedi à Twickenham, seconde journée du Tournoi des Six nations, par une fin d’après-midi grise et triste, typique d’un hiver d’Outre-Manche. L’équipe de rugby d’Angleterre a gagné son match contre la France qu’elle perdait à un peu moins de soixante secondes du coup de sifflet final.

Un match mouvementé

À ce moment, la victoire était acquise aux Bleus vu le peu de temps de jeu qui restait. Ils menaient par 25 à 19 après être revenus quatre minutes auparavant, à la marque grâce à un miraculeux essai de son véloce ailier Bielle-Biarrey transformé, aboutissement d’une audacieuse contre-attaque initiée par Antoine Dupont. Quatre autres minutes avant, à la 71ème, pour la première fois bien que dominés pratiquement au tout au long de la rencontre, les Anglais avaient pris l’avantage d’un petit point, 19 à 18.

Le match s’emballe alors et vire à une sorte de partie de ping-pong. Les deux équipes se livrent à un duel de coups de pied pour porter le danger près de la ligne d’en-but et faire craquer la défense adverse qui tourne à la 75ème minute à l’avantage des Français. Grâce à l’essai de Bielle-Biarrey, les Bleus ont engrangé six points d’avance, certes qui ne les mettent pas à l’abri d’un essai transformé. Mais pour tout esprit rationnel, celui-ci est peu probable, autrement dit impossible. L’affaire semble donc bouclée et le XV de la Rose s’apprête à subir l’humiliation d’une quatrième défaite consécutive et, le pire, sur ses terres.

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Lorsque à un peu plus de deux minutes de la fin, les Bleus perdent le contrôle du ballon. Les Anglais tentent le tout pour le tout. D’un coup de pied, ils cherchent à porter le jeu dans les 22 mètres et à livrer un baroud pour l’honneur.

Toutefois, la chance n’est pas en leur faveur. Le vigilant et agile arrière Ramos est à la réception. Mais, revirement du sort inespéré, il se fait plaquer et commet l’irréparable faute en ne lâchant pas le ballon une fois à terre. Une aubaine pour les Anglais qui leur offre une touche à cinq mètres de l’en-but. Celle-ci jouée, les Bleus résistent farouchement. Les assauts anglais sont vains quand se produit « l’invraisemblable ». Deux défenseurs bleus laissent un maigre interstice entr’eux dans lequel va se faufiler le trois-quarts central anglais Elliot Daly et aplatir entre les deux poteaux assurant en conséquence sa transformation.

Une revanche pour le rugby anglais

Plus que jamais ce 112ème affrontement entre Anglais et Français a mérité la qualification que lui a donnée la presse britannique de « crunch » qu’on peut traduire en français par « choc majeur ». A l’issue de ce dernier, les supporteurs anglais ont dû se dire : « My god, what a crazy crunch ». En 2024, la France l’avait emportée par deux points d’avance (33-31). Cette fois-ci l’Angleterre a gagné d’un point (26-25). Comme l’a dit Antoine Blondin, chantre de l’Ovalie et du Tour de France, « Les Anglais ne perdent jamais, mais, parfois, on les bat. » Ce ne fut pas le cas cette fois-ci.

Cette victoire étriquée obtenue quand tout semblait perdu est une bouffée d’oxygène (très probablement que temporaire) pour le rugby anglais qui connait, comme l’a souligné Le Figaro du 7 février, « une crise financière et institutionnelle majeure ». Trois clubs de l’élite ont depuis la crise du Covid-19 mis la clé sous la porte dont les Wasps (six titres nationaux et deux coupes d’Europe à leur palmarès). Sept sont au bord de la faillite. Sa première division ne compte plus que dix clubs. Ses meilleurs joueurs s’expatrient. Le nombre de licenciés est en chute libre. « Pour ne rien arranger, souligne Le Figaro, la RFU (la fédération anglaise de rugby) est traversée par une grave crise de gouvernance » qui a contraint son président, Tom Llube, à démissionner.

Pour la France, cette défaite est amère, comme l’a reconnu Antoine Dupont, son capitaine. « On ne peut que s’en prendre qu’à nous-mêmes, surtout en première mi-temps. On aurait dû marquer trois essais. » Les Bleus ont cumulé 27 fautes de main dont 15 dans les quarante premières minutes. « Inutile de faire dans l’indulgence, écrit Romain Bayeux dans les colonnes du Parisien-dimanche, et de pointer ce léger crachin venu mouiller Twickenham. Il avait plu en 2023 », rappelle-t-il, quand les Bleus avaient administré une cuisante correction (53 à 10) aux Anglais.

Cependant cette défaite n’hypothèque pas tout à fait ses chances d’emporter le tournoi même si celles-ci sont très minces. Le match France-Irlande le 8 mars pourrait se profiler comme une éventuelle finale, si les Bleus ne perdent pas contre l’Italie et l’Écosse. Et surtout, à condition que l’Irlande connaisse une déconvenue contre ses deux prochains adversaires, le Pays de Galle et l’Italie. Ce qui paraît très peu probable. À ce stade de la compétition, elle est la seule sélection invaincue et semble bien déterminée à le demeurer.

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* traduction en français des années 60 du Sud-ouest, patrie de l’Ovalie hexagonale : « Putain de gozon, ça pour une castagne, ç’a été une castagne. »



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écrivain et journaliste français.

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