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Huppert à Séoul

"La Voyageuse", de Hong Sangsoo, mercredi 22 janvier en salles


Huppert à Séoul
Isabelle Huppert (C) Capricci

Notre actrice française nommée aux Oscars et récompensée aux Golden Globes est à l’affiche demain du nouveau Hong Sang-soo.


Cela fait fort longtemps qu’Isabelle Huppert ne joue plus qu’Isabelle Huppert dans le rôle d’Isabelle Huppert. L’immense actrice, plus attentive à son « image » qu’à son jeu de comédienne (elle n’a vraiment plus rien à prouver), de longue date a choisi de se risquer dans des films qui ne seraient rien sans elle, et dans lesquels elle se projette comme dans un miroir nommé Isabelle Huppert. Après Another Country et La Caméra de Claire, le Sud-coréen Hong Sang-soo s’offre ses services pour la troisième fois. Abonné aux récompenses de la Berlinale, il faut croire qu’elle lui porte chance : il est reparti en 2024 avec un double prix – Ours d’Argent et Grand Prix du Jury.

On a toujours un peu peur de s’ennuyer dans ce genre de cinéma d’auteur à la facture minimaliste. Mais non : on se laisse prendre au jeu de cette intrigue fragile, presque inconsistante, habitée pourtant d’une étrange épaisseur poétique. Iris (Madame Huppert, donc), fraîchement débarquée à Séoul, sans le sou et sans parler un traître mot de coréen (on n’en saura pas davantage), donne, en langue anglaise, des cours particuliers de français, sa méthode pédagogique ne consistant qu’à transcrire sur un bout de papier la traduction des émotions que lui confient, sur l’instant, ses élèves-interlocuteurs, invités ultérieurement à relire et mémoriser ces petits textes pour se familiariser progressivement avec la langue.

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Approche sensible, qui laisse ses « clients » quelque peu intrigués, mais Iris y croit, et sait se montrer persuasive. Hébergée chez un de ses jeunes élèves (en adoration devant elle), la voyageuse solitaire, paradoxalement discrète et envahissante, heurtera malgré elle, par sa présence, la relation difficile d’une mère, en visite surprise, pour la première fois, dans le petit studio où loge son fis étudiant… On se gardera de déflorer ici la teneur de cette séquence dont Iris/Huppert est le déclencheur… Le film repose tout entier sur le mystère de ces impondérables du quotidien, dans le paysage singulièrement paisible d’un quartier de la capitale coréenne.


La Voyageuse. Film de Hong Sangsoo. Avec Isabelle Huppert. Corée du Sud, France, couleur, 2024. Durée : 1h30.

En salles le 22 janvier 2025




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