Un mémorable Château de Barbe-Bleue en diptyque, ultime mise en scène de Dominique Pitoiset à Dijon. Avec, dans la fosse, un Orchestre français des jeunes rutilant.
Chant de départ pour Dominique Pitoiset. Le voilà qui fait brusquement ses valises le 1er février prochain, alors que son mandat n’arrivait à échéance qu’en décembre 2026. Aujourd’hui âgé de 66 ans, il avait pris la direction artistique de l’Opéra de Dijon en 2021. C’est peu dire que l’homme avait porté au sommet l’institution régionale. Les rumeurs parfaitement infondées sur un harcèlement sexuel auquel il se serait livré à l’occasion de sa mise en scène de Tosca en mai dernier ont eu raison de sa patience. L’époque de la prétendue « libération de la parole » s’autorise toutes les diffamations pour couper la tête du Mâle (forcément dominant) ; le fiel féministe a remplacé la fiole de poison ; aucun membre de la gent masculine n’est plus à l’abri de l’Inquisition woke.
Faible consolation, les Parisiens amateurs de lyrique se félicitent encore d’avoir pu assister, en septembre dernier, à la reprise de Falstaff : millésimée 1999, sa régie n’a pas pris une ride. Avec Le Château de Barbe-Bleue, donné à Dijon pour deux représentations, Dominique Pitoiset fournit une nouvelle preuve de sa grande intelligence scénographique.
Unique partition lyrique jamais écrite par Bela Bartok (1881-1945) en 1911, sur un livret du poète Béla Balazs (également scénariste sur des films de Georg Wilhelm Pabst ou de… Leni Riefenstahl – si, si !), mais créée seulement au sortir de la Grande guerre à l’Opéra de Budapest, c’est une œuvre très courte : moins d’une
