Surtout, pas d’amalgames ! Il ne faut faire aucun lien entre islam, islamisme et terrorisme. Et malheur à ceux qui osent dire que l’islam et l’immigration sont indissociables. Quiconque ayant une parole critique devient suspect, voire passible de la peine de mort sociale. C’est aussi ce qu’attendent les djihadistes
Avril 2023, commissariat d’Hénin-Beaumont.
« Monsieur Duquesne, votre ex affirme que vous faites de la propagande anti-islam sur les réseaux sociaux, confirmez-vous ces faits ? »
« Pardon ? Le délit de blasphème n’a pas été réintroduit en France ! J’ai le droit de critiquer toutes les religions ! »
Le gardien de la paix est une femme, et ceci à son importance dans la suite de l’anecdote.
« Non monsieur, il y a un article de loi qui stipule que vous ne devez pas heurter la foi des croyants… »
J’interromps mon interlocutrice : « Encore pardon ? Vous plaisantez ? Si je critiquais le catholicisme, le bouddhisme ou le judaïsme, vous ne me poseriez pas cette question ! Pour quelles raisons l’islam bénéficierait d’un statut légal protecteur et privilégié ? »
Le gardien de la paix ne répond pas et enchaîne : « Votre ex affirme que vous délirez et racontez que des djihadistes vous menaceraient et viendraient s’en prendre à vos enfants, et que vous avez écrit un livre qui sort chez Grasset, Ne fais pas ton Français, et que celui-ci s’attaquerait à l’islam ! »
« Effectivement j’ai écrit un livre, et ce projet m’a valu des pressions de la part de mon ex et de sa famille qui ont estimé que je mettais en danger mes enfants, mais aussi qu’un tel livre me verrait être catalogué à l’extrême droite et que cela aurait des répercussions sur leur réputation. Cela a détruit ma famille. »
Le gardien de la paix m’écoute et semble comprendre que quelque chose ne tourne pas rond, elle veut en savoir plus et je m’explique :
« Je suis de culture musulmane par ma mère, qui est une apostat de l’islam, et d’origine algérienne. Je connais bien les thématiques de l’islam, de l’islamisme et des caïdats qui pourrissent la vie de votre profession. Mon livre explique les ressorts qui amènent à plus d’islamisme et à plus de délinquance parmi une certaine frange de la jeunesse. »
Le regard et le ton du gardien de la paix changent, elle finit par me rassurer, la plainte sera classée sans suite, dont la dénonciation pour contenus haineux diffusés sur internet dans le cadre de la loi Avia du 24 juin 2020. Hors audition, je lui explique que je combats ceux qui veulent instaurer la charia en France et qu’en faisant cela, je la défends en tant que femme, car la charia lui interdirait de m’auditionner en tant qu’homme, et que mon ex aurait bien des difficultés à divorcer alors que je pourrais la répudier et la jeter à la rue sur une seule phrase. Le ton de la policière se fait plus chaleureux, et à la fin de notre discussion, elle s’engage à acheter mon livre à sa sortie. Je suis resté très serein durant cette audition, même si cette attaque « islamiste » m’a surpris.
Que s’est-il passé dans ce pays qui a subi Charlie Hebdo, l’Hyper Casher, le Bataclan, le 14 juillet à Nice, le marché de Noël à Strasbourg et les multiples attaques au couteau et autres décapitations circonstanciées ?
La plus grande erreur, suite aux attentats en cascade, a été de sanctifier l’islam au nom du « padamalgam » et de le soustraire à toute critique, mais aussi de dénoncer le terrorisme sans préciser quelle idéologie il servait. Autrement dit, de refuser de le rattacher à l’islamisme, c’est-à-dire à l’islam politique, et au djihad, sa dimension conquérante et guerrière. Finalement en sanctifiant l’islam, nous avons cédé aux exigences des djihadistes qui massacraient en représailles de comportements blasphématoires de certains de nos compatriotes. Ils nous donnaient l’ordre de ne plus critiquer la « religion ». Cette injonction a été reprise par tout le monde, avec l’argument ressassé qu’en amalgamant l’islam à l’islamisme, on précipiterait les musulmans dans les bras des islamistes.
C’est ainsi que l’islam est devenu une cause nationale de tous les instants. Ce poncif matraqué depuis les premiers crimes de Mohammed Merah va de pair avec le slogan selon lequel l’immigration est une chance pour la France. Islam et immigration sont en effet indissociables puisque l’une a « apporté » l’autre. Le ruissellement médiatico-politique est très efficace. Toute personne ayant une parole critique sur ces deux thématiques devient suspecte, voire passible de la peine de mort sociale. La charia sociale contre le paria !
Par un de ces tours de passe-passe dont l’Histoire est friande, il se passe finalement ce qui était recommandé dans les colonies musulmanes et notamment en Algérie. Les laïques de la Troisième République interdisaient la critique de l’islam. Alain Quellien, fonctionnaire du ministère des Colonies, inventa même en 1910 le terme islamophobie pour éviter des soulèvements. Nos « laïques » actuels reproduisent le même schéma, mais cette fois en métropole. La gauche républicaine, orpheline de son projet émancipateur dans les anciennes colonies, s’attelle depuis les années Mitterrand à recréer le monde des colonies en France métropolitaine, en guise dirait-on de rattrapage républicain.
Si la gauche radicale s’est alliée avec l’islamisme sans aucune vergogne, la gauche républicaine veut toujours beaucoup d’immigration et beaucoup d’islam, un « bon islam » pour parachever son utopie du vivre-ensemble et d’un universalisme qui ne devrait rien à son socle anthropologique judéo-chrétien. Le pari est risqué, et le sort des Français non musulmans semble être tenu pour un regrettable dégât collatéral. Il devient difficile de démêler les influences croisées de la terreur djihadiste, de la terreur gauchiste, et d’une gauche républicaine « raisonnable » qui sanctuarise l’islam pour ne pas précipiter les musulmans dans le camp des islamistes. Comme si dans leur inconscient, c’est des musulmans et non pas des seuls islamistes que tous ont peur.
Tous prétendent que l’avenir de la France, c’est d’accueillir un islam syncrétique devenu compatible avec la République, un islam qui n’existe pas encore, mais qu’il est interdit de questionner. Un islam sans aucun fondement théologique, mais issu de pratiques discrètes non évaluables si ce n’est par le respect de la laïcité et une présence discrète dans l’espace public. Reste à savoir qui peut croire à cette promesse qui succède à tant d’autres restées lettre morte. Dix ans après les crayons brandis pour défendre la liberté d’expression, ce sont les crayons des commissaires politiques qui terrorisent les insolents.