Le 9 août, Michael Brown, jeune Noir de 18 ans, est tué par un policier blanc à Ferguson, une ville du comté de Saint Louis dans le Missouri. Pendant les quinze jours qui suivent, des manifestations de colère s’organisent quotidiennement, certaines dégénèrent en émeutes. Les images de Ferguson en rappelaient d’autres et le fait divers se transforme rapidement en événement politique national.
L’identité du policier impliqué dans l’incident avait d’abord été gardée secrète pour le protéger mais surtout pour ne pas dévoiler son appartenance ethnique. Finalement, l’info est tombée : il était blanc. « Meurtre racial » ont alors dénoncé les parents de la victime, la communauté noire de Saint Louis et plus généralement l’ensemble de la communauté noire américaine. Tout le monde le sait, être un jeune mâle noir, c’est déjà être 90% coupable de quelque chose. Alors, après la tombée de la nuit et avec d’autres jeunes mâles noirs, c’est la condamnation obligatoire.
La version du policier selon laquelle le jeune homme aurait tenté de se saisir de son arme de service a donc non seulement été rejetée par les proches de la victime mais aussi mise en doute par la presse. Celle des membres de la famille et de certains témoins de la scène partisans du camp Brown, a été globalement acceptée : le jeune homme passait quelques jours de vacances chez un parent à Saint Louis avant d’intégrer la fac mais une petite altercation avec un policer en patrouille a dégénéré en drame à cause de la couleur de peau de Michael Brown. La presse nationale profite de l’occasion pour évoquer la militarisation des polices municipales américaines dont les fonctionnaires ressemblent plus à des commandos des forces spéciales équipés d’armes de guerre se déplaçant dans des engins blindés qu’aux policiers en uniformes bleus, tels que nous les avaient présentés la télé et le cinéma américain.
Tout semblait donc être clair jusqu’à que le Saint Louis Post Dispatch ne dévoile il y a quelques jours les résultats de l’autopsie de Michel Brown. D’après les conclusions des médecins légistes, la victime ne tournait pas le dos au policier, elle n’était pas en train de fuir, contrairement à ce qu’avait affirmé les soutiens à Michel Brown. Et ce n’est pas tout, Brown n’avait pas non plus les mains levées, comme on avait encore pu entendre de ses défenseurs. Au contraire, le jeune-homme, dont les tests sanguins ont révélé qu’il était sous l’emprise de marijuana, se tenait tout près de l’officier. Si près qu’on a retrouvé sur son corps des particules fines de poudre du pistolet policier, qui tombent au moment du tir. Ces éléments corroborent parfaitement la déclaration des faits livrée par le policier : il a tiré, à plusieurs reprises, sur Michael Brown parce que celui-ci l’agressait et tentait de s’emparer de son pistolet. Autrement dit, il a fait feu dans un cadre de légitime défense.
L’enquête est toujours en cours, et les agents qui en sont chargées refusent de commenter les révélations du Saint Louis Post Dispatch. Les avocats de la famille de Michael Brown soutiennent que ces nouvelles données ne changent rien tandis que l’avocat du policier n’a pas souhaité s’exprimer.
Une chose est sûre, une affaire en noir et blanc est en train de virer au gris.
*Photo : Charlie Riedel/AP/SIPA. AP21642657_000001.
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