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Retailleau / Darmanin, couple fatal


Retailleau / Darmanin, couple fatal
L'enseignant et essayiste Jean-Paul Brighelli © BALTEL/SIPA

Des semaines passées à former un gouvernement de bras cassés, deux zigotos soucieux de donner une bonne image d’eux-mêmes et qui ne savent rien du peuple qu’ils administrent, une France en état d’insurrection larvaire… Le diagnostic de notre chroniqueur n’est pas tendre !


L’un était ministre de l’Intérieur, il passe à la Justice — sans que l’on se demande s’il a une quelconque compétence dans l’un ou l’autre de ces domaines. L’autre est nommé à l’Intérieur, sans autre qualification que son assiduité à la messe. L’Intérieur, c’est le ministère où se sont illustrés Joseph Fouché ou Clemenceau. On mesure l’écart.

Premières mesures : porter à 72 heures le délai de garde à vue des présumés violeurs, et incarcérer les 100 plus gros narco-trafiquants (tiens, ils sont donc en liberté…). Vu qu’ils ont largement les moyens de s’offrir les services des plus grands avocats (Dupont-Moretti est disponible), sûr qu’ils tremblent déjà. Le peuple s’en fiche. Le peuple n’a plus aucune confiance ni en la police, impuissante à nettoyer les nids de frelons, ni en la Justice, qui renvoie dans la rue les agresseurs, condamne les délinquants récidivistes à des stages-poney et veille à ce que les OQTF ne soient pas exécutées. 72 heures ! Qui peut penser que c’est de la sévérité ? 72 heures avec présence d’un avocat dès les premières minutes. Trois repas par jour. Et des excuses pour finir.

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Connaissez-vous le Daiyō kangoku ? C’est le système japonais de garde à vue — écoutez bien :

— Aux 72 heures initiales s’ajoutent 10 jours renouvelables — soit 23 jours sans accès à un avocat, trois boules de riz par jour, et des interrogatoires sévères tous les jours à grands coups de tonfa. Jusqu’à ce que l’on obtienne des aveux : l’aveu est le seul moyen de sortir du système judiciaire japonais. Avis aux touristes. Pourquoi croyez-vous que Carlos Ghosn a choisi de s’enfuir ?

— Cette détention se passe dans des prisons de substitution gérées exclusivement par la police. Amnesty International (oui, la même organisation qui condamne Israël et ignore le Hamas) a protesté, devant les abus physiques, les privations de sommeil, d’eau et de nourriture (et même d’hygiène intime) de ces centres. Mais les aveux, on les obtient — d’autant que la détention peut encore être prolongée.

— Les mineurs sont jugés avec efficacité : en dix ans, la délinquance des mineurs au Japon a baissé de 80%, pendant que la nôtre explosait.— Le résultat ? Une délinquance ordinaire réduite à rien du tout. Il n’y a rien de plus sûr qu’une rue japonaise. Vous pouvez laisser votre vélo sans cadenas, et vous ne risquez pas de vous faire agresser à coups de couteau dans le métro de Tokyo.

Nous ne nous donnons pas les moyens de réprimer les crimes. Un délinquant force un barrage ? On le laisse filer, de peur qu’une Traoré quelconque s’indigne — et on l’interviewe au lieu de la mettre illico en détention pour trouble à l’ordre public. Essayez de faire ça aux Etats-Unis. Deux salopards sous OQTF agressent une pharmacienne : le Parquet classe l’affaire sans suite. Une vieille dame, à Marseille, est agressée alors qu’elle promenait ses deux chiens, elle est rouée de coups, sexuellement molestée, et on lui tue ses deux bêtes. Et dans cette ville pleine de caméras, on n’arrête personne…

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J’entends d’ici les colombes bêlantes des organisations humanitaires subventionnées par l’État (quand cesseront ces dons à des organismes qui n’ont d’autre objectif que de défendre des voyous ?). Un vrai ministre de l’Intérieur n’hésiterait pas à prendre des mesures coercitives sérieuses, pour endiguer la suspicion, le mépris et la dérision dont la population dans son ensemble accable les forces de l’Ordre et de la Justice. « Tolérance zéro » est un objectif immédiat. Une racaille qui n’obtempère pas doit comprendre immédiatement qu’elle a eu tort. Après tout, Clemenceau, homme de gauche qui avait défendu l’amnistie des Communards et vrai républicain, n’a pas hésité, en 1905-1906, à faire tirer sur des grévistes dont l’action menaçait la stabilité de la France. Vous imaginez Retailleau prenant ce genre de mesures face aux black blocs ?

Ce gouvernement n’a pas plus d’avenir que le précédent, parce qu’il refuse de prendre les mesures que réclame le peuple, en sortant pour un temps de l’État de droit. Alors oui, la Ve République est mourante, parce que ce n’est plus une République, mais un conglomérat de politiciens mollassons, plus soucieux de leurs maroquins, de leurs futures retraites de cumulards et de leur jeu de chaises musicales que du bien-être de ce cher vieux pays.

Sur ce, bonne fin d’année !

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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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