Pas besoin d’être prix Nobel pour se rendre compte que le transport ferroviaire, en France, est inaccessible aux petits budgets : il suffit de se rendre sur voyages-sncf.com pour constater qu’un aller-retour Lyon-Paris en TGV pour montrer la tour Eiffel à sa petite famille, papa, maman et les deux marmots pendant les vacances de la Toussaint reviendra exactement à la somme de 375 €, réductions famille comprises. En voiture personnelle, selon les calculs du site kelbillet.com, le prix de ce même voyage s’élève à 186,56 €. En autocar de la compagnie IDbus, filiale de la SNCF, il vous en coûtera 240 €. Le père de famille avisé, en accord avec son épouse, ayant pris en compte la fatigue du conducteur, les frais annexes (parking, ou éventuelles contraventions pour stationnement illicite) se dit que le bus, en dépit du temps de trajet (6 heures) est la solution la plus confortable et la plus économique.
Seulement voilà : pour avoir le droit de convoyer des voyageurs en France, sur de longues distances, l’étape de Paris d’une compagnie d’autocar doit faire partie d’un trajet dont le terminus est à l’étranger ! De plus, ce bus ne peut embarquer plus de 50% de clients limitant leur trajet au territoire national. On aboutit ainsi à des absurdités, comme le départ d’autocars à moitié vides, alors que des clients potentiels restent à quai, pour dépassement du quota de voyageurs non internationaux ! La solution bus est donc hautement aléatoire, car même une réservation ne garantit pas votre transport.
C’est cette stupidité réglementaire que le jeune Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, s’est mis en tête d’abolir, suivant en cela l’exemple de l’Allemagne et de la Grande Bretagne. Dans ces pays, un réseau performant de confortables autobus intercités a fait grimper le nombre des voyageurs, et accessoirement d’emplois liés à cette activité de transports de manière stratosphérique, de quelques centaines de milliers à plusieurs millions de personnes transportées par an. C’est est trop pour Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, qui s’insurge violemment contre ce « système de transports pour les pauvres », réincarnation de la 3ème classe de la SNCF !
Il veut quoi, ce M. Lepaon ? Que les gens modestes restent chez eux à regarder la télé ? Qu’ils s’entassent dans de vieilles guimbardes moteur diesel pour aller respirer l’air pur des bouchons au péage de Fleury-en-Bière ? Accroître le déficit de la SNCF en vendant les billets au-dessous de leur prix de revient, ce qui revient à faire peser sur tous le voyage de quelques-uns?
*Photo : NICOLAS MESSYASZ/SIPA. 00694556_000002.
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