Les Insoumis disent se réjouir de la chute de Bachar al-Assad. Concernant le régime syrien, Rima Hassan était mutique jusqu’à présent. On se demande rétroactivement comment elle a pu si facilement visiter le camp palestinien de Neirab près d’Alep en mars 2024… Quant à Jean-Luc Mélenchon, il semblait carrément relativiser les exactions du dictateur pendant la guerre civile syrienne, en affirmant notamment en 2015: « Vous connaissez une guerre où les civils ne reçoivent pas de bombes ? »
Il est indispensable d’examiner avec attention les prises de position erratiques des Insoumis, en particulier celles de Jean-Luc Mélenchon et de Rima Hassan, concernant la Syrie. Ces déclarations révèlent la véritable nature d’un mouvement qui aspire pourtant à gouverner ce pays un jour.
Rima Hassan, figure médiatique et intellectuelle, illustre parfaitement cette dérive. Elle n’a jamais trouvé un mot pour dénoncer les 500 000 morts victimes des massacres, tortures et viols systématiques perpétrés par le régime syrien. Pas une seule condamnation publique de Bachar al-Assad. Sa capacité à circuler librement dans une Syrie sous contrôle du régime n’était certainement pas due au hasard. Aujourd’hui, alors que le régime vacille et que les horreurs de ses prisons éclaboussent la scène internationale, Rima Hassan change opportunément de discours. Avec une désinvolture désarmante, elle condamne désormais ceux qu’elle semblait hier encore cautionner tacitement.
Ce revirement soudain illustre parfaitement la stratégie des Insoumis : un théâtre où la cohérence se sacrifie sur l’autel de l’opportunisme idéologique. Nous sommes face à un véritable Guignol politique. Mais contrairement aux marionnettes de mon enfance lyonnaise, qui faisaient rire avec leurs batailles burlesques contre les gendarmes ou les voleurs, selon les cas, les postures contradictoires des Insoumis inquiètent.
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Pour Rima Hassan et ses compagnons de route, Assad fut un temps le « résistant héroïque » contre l’Occident honni. Mais lorsque le vent tourne, Assad devient le « méchant », et les rebelles, naguère discrédités, deviennent les nouvelles figures de la vertu. Peu importe la vérité, pourvu qu’ils puissent clamer être du « bon côté de l’Histoire ».
Derrière ce spectacle se dissimule une menace bien plus insidieuse : l’intolérance déguisée en vertu. Une forme larvée de totalitarisme infiltre les esprits, particulièrement au sein d’une jeunesse éduquée mais désorientée, terrorisée à l’idée de se marginaliser en exprimant des opinions divergentes. Là où la pensée critique devrait être encouragée, elle se trouve étouffée par la peur du lynchage social et l’uniformité des opinions.
Le discours des Insoumis repose sur une vision simpliste et manichéenne : ils se posent en champions autoproclamés du Bien, affrontant un Mal omniprésent, qu’il s’agisse d’Israël diabolisé et « génocidaire », des puissances occidentales ou du « capitalisme impérialiste ». Mais sous cet affichage moral se cache une mécanique dangereuse, qui reproduit les travers des idéologies totalitaires. Héritiers d’un communisme dévoyé et complices tacites des régimes autoritaires, ils séduisent une jeunesse en quête d’idéal mais souvent privée de discernement et d’esprit critique.
Rima Hassan s’enveloppe dans l’aura de l’exil et de la lutte palestinienne, cherchant à capitaliser sur le prestige moral des opprimés. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il alterne les postures de révolutionnaire en chef, brandissant tour à tour le drapeau rouge de 1793 et l’ombre romantique du Che. Pour Rima Hassan, Alger n’est pas seulement une ville : c’est une Mecque révolutionnaire mythifiée. Pourtant, derrière ces figures se cachent des acteurs d’une pantomime dérisoire, profitant d’un vide civilisationnel où le réel est soigneusement ignoré. Ce sont des Guignols dangereux, capables de séduire une jeunesse en quête d’idéal mais trop souvent privée de discernement. Leur pantomime risque d’accoucher de lendemains sombres : non pas des jours heureux, mais un monde où le pire des obscurantismes se dissimule derrière les oripeaux de la vertu. Au-delà des slogans, leur discours prépare le terrain à des lendemains qui déchantent. Non pas ceux d’une révolution utopique abolissant l’argent roi, comme ils le prétendent, mais ceux d’un renforcement des influences obscurantistes et liberticides.