Les langues se délient contre le Hamas, le professeur Salman Al-Dayah condamne leurs actions dans une fatwa, jugeant qu’ils ont « violé les principes qui régissent le djihad »… nourrissant le débat dans le monde arabo-musulman sur le recours à la violence.
Le pogrom du 7-octobre vient d’être condamné, non par quelque institution occidentale suspectée de philosémitisme, mais par un des érudits religieux les plus respectés de Gaza. D’après la BBC, le professeur Salman al-Dayah, anciennement doyen de la faculté de charia et de droit de l’université islamique de Gaza, a publié début novembre une fatwa, ou avis juridique, qui condamne le Hamas pour avoir « violé les principes islamiques qui régissent le djihad ». La fatwa, dont le texte de six pages a été posté sur Facebook, assène que si le djihad – qu’il soit une lutte pour le progrès spirituel ou un combat armé contre les infidèles – ne respecte pas ses propres « piliers, causes ou conditions », « il doit être évité pour ne pas détruire les vies des gens ». En lançant l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », les dirigeants du Hamas auraient pu prévoir la réponse d’Israël qui dispose d’une puissance militaire écrasante. Ils auraient dû donc abandonner ce projet afin d’épargner des vies palestiniennes. L’érudit dénonce aussi l’utilisation de la population civile et de ses infrastructures comme boucliers humains, accusant le Hamas de ne pas respecter l’obligation « d’éloigner les combattants des maisons et des abris des civils sans défense » et de faire le plus possible pour garantir leur sécurité, leur santé, et leur accès à l’éducation et à l’activité économique. Enfin, il pointe la part de responsabilité du Hamas dans la pénurie d’approvisionnements à Gaza. Étayant ses arguments par des citations du Coran et des références à la sunna, le professeur déclare : « La vie humaine est plus précieuse aux yeux de Dieu que La Mecque. » Salafiste modéré voire quiétiste, Salman al-Dayah s’oppose au Hamas sur plusieurs points : le bien-fondé de la lutte armée, la priorité accordée aux décisions des dirigeants politiques plutôt qu’aux principes islamiques et la coopération avec l’Iran chiite. Sa fatwa est une humiliation pour le Hamas qui se targue de justifier ses actions par des arguments religieux. Elle pourrait aussi nourrir le débat dans le monde arabo-musulman sur le recours à la violence dans la poursuite de buts qu’on prétend spirituels.
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