L’écrivain franco-algérien est l’otage d’un régime totalitaire qui profite de nos lâchetés. Pour son ami Arnaud Benedetti, le soutenir est un devoir moral et une nécessité vitale.
Que dire de Boualem Sansal, si ce n’est qu’il est un esprit libre, un esprit spontanément amical, un esprit curieux qui pour être l’un de nos plus grands écrivains francophones ne joue jamais au « grand écrivain », ne pontifie jamais, ne prend jamais aucune posture. Sa simplicité est le gage de son authenticité, et cette authenticité est le signe de la seule autorité qui, dans notre monde d’artifices, fasse foi. Sansal est tellement libre dans sa tête qu’il pensait l’être jusqu’en Algérie, non pas en raison d’un régime qui ne peut l’être structurellement, mais parce qu’il estimait que sa parole, là-bas, n’avait que peu de poids. Sans doute a-t-il sous-estimé, lui ce grand modeste, ce vrai gentil, la force de ses mots. On n’écrit jamais impunément, dès lors que l’on est tout de sincérité, et que cette sincérité s’indexe sur une certaine forme de naïveté. Le paradoxe de Boualem est d’être tout à la fois trop bon et trop conscient de la charge du monde.
