Deux ans après avoir quitté le gouvernement, Jean-Michel Blanquer publie un livre pour défendre son bilan à l’Éducation nationale et répondre aux attaques contre sa réforme du bac. Mais aussi pour dénoncer le «machiavélisme à la petite semaine» d’Emmanuel Macron…
Pendant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, on l’a surnommé le « vice-président ». Jean-Michel Blanquer n’était certes pas un baron du régime. Mais il était avec Bruno Le Maire le pilier du gouvernement, à la fois social dans son action et inflexible sur les valeurs d’autorité. Et puis un jour, après cinq ans de bons et loyaux services, il a été lâché par Jupiter, comme un vulgaire Kleenex. Comme tant d’autres, remarquez. Mais lui méritait davantage d’égards. Même Barbara Lefebvre, professeur dans le secondaire peu suspecte de macronisme, n’avait pas complètement détesté son action à la tête de l’Éducation nationale, en particulier son attachement à la défense de la laïcité et à l’excellence républicaine pour tous. Alors on s’est dit qu’il serait intéressant que ces deux-là se rencontrent. D’autant que Blanquer, désormais professeur de droit public à l’université Paris-II, publie un livre passionnant et sans langue de bois sur ses cinq ans Rue de Grenelle. L’occasion de séparer le bon grain blanquériste de l’ivresse macroniste.
Barbara Lefebvre. Je suis sûre que vous vous souvenez du 20 avril 2017. Ce jour-là, un policier, Xavier Jugelé, était assassiné sur les Champs-Élysées par un djihadiste. Le lendemain matin, soit quarante-huit heures avant le premier tour des élections présidentielles, le candidat Emmanuel Macron était reçu sur RTL, où il était logiquement questionné sur l’attentat qui venait de se produire. Le futur chef de l’État répondait d’une façon pour le moins étrange : « Je ne vais pas inventer un programme de lutte contre le terrorisme dans la nuit ! » N’avez-vous pas été surpris par tant d’immaturité, vous qui alliez bientôt être son ministre et dont nul ne doute des fortes convictions républicaines ?
Jean-Michel Blanquer. Pour ce qui est de mon domaine, je veux dire l’Éducation nationale, Emmanuel Macron était dès ce moment-là, vis-à-vis de l’islamisme, plus résolu et mature que vous ne le suggérez. J’en veux pour preuve que, dans les jours qui ont suivi son élection, quand je suis arrivé Rue de Grenelle, j’ai pris des positions sans concession sur la laïcité, pour lesquelles il m’a apporté un appui total. J’ai ainsi pu lancer le Conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République, véritable alternative à l’Observatoire de la laïcité, dont je déplorais les positions trop accommodantes. Parmi tous les ministres de l’Éducation nationale
