Manif pour tous : Pagaille et confusion…


Manif pour tous : Pagaille et confusion…

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Elle est passée par ici, elle repassera par là ! La Manif Pour Tous a encore rassemblé dimanche de nombreuses personnes sur le pavé de Paris ou d’ailleurs. Au grand étonnement de certains observateurs qui ne comprennent pas l’utilité de faire perdurer ce mouvement, alors même que la loi est votée. Au-delà des querelles de chiffres que l’on pourrait facilement régler en faisant une moyenne des deux estimations (soit près de 300 000 personnes), il est reproché à la Manif d’être un fourre-tout un peu désordonné… Une sorte d’éparpillement que les plus réticents qualifient de pagaille.

Certes, les revendications sont diverses. Et si le mot d’ordre « l’humain n’est pas une marchandise » concernait avant-hier la GPA et les dangers de la commercialisation des enfants, d’autres questions connexes appelaient à la mobilisation. Chacun défend ce qui lui tient le plus à cœur.

C’est ainsi que se sont ajoutés, lors de cette édition,  de nouveaux manifestants, nullement opposés à l’union homosexuelle, mais réellement choqués par l’idée de la GPA. Les bleu-blanc-rose de dimanche comptaient aussi des membres ulcérés par la tonte systématique des familles depuis deux ans et demi (quotient familial, suppression et baisse de certaines allocations, etc.), d’autres arc-boutés sur le retrait de la loi Taubira, d’autres encore très inquiets de retrouver à l’Education Nationale la plus virulente zélatrice de l’idéologie du genre, quelques-uns venus dire leur colère contre François Hollande. On y trouvait le catho-bon-teint, institué caricature du mouvement par la presse, mais aussi des gauchistes choqués, des musulmans atterrés, tous venus défendre une certaine idée de l’enfant et de la famille.

En admettant que tout cela soit un peu pagaille, n’est-ce pas le strict reflet de la situation d’une France qui ne sait plus où elle va ? Se trouve-t-il aujourd’hui une autorité, capable d’écouter, de prendre acte et de faire avancer le pays ? Poursuivons-nous, depuis deux ans un cap précis fait d’objectifs et de stratégies ?

Non, les gouvernants eux-mêmes semblent ballotés au gré de faits qui les dépassent largement. Du point de vue économique, ils sont dépendants d’une croissance que seule la boule de cristal présidentielle a cru déceler. Sur la sécurité du territoire en cette période éminemment dangereuse, ils ne parviennent à endiguer la fuite des jeunes vers une guerre qui n’est pas la leur, pas plus qu’à interpeller ceux qui en reviennent, déçus ou non. Notre ancien ministre de l’économie se fait chahuter sur son bilan, alors qu’il prétend conduire les destinées économiques de l’Europe. Le Premier Ministre doit sans cesse aller éteindre le feu du doute chez nos partenaires européens. Et dans un paroxysme de schizophrénie, pour apaiser la grogne au sujet de la GPA, il affirme « pas de ça chez nous», alors même que dans les faits, c’est déjà partiellement autorisé, comme en témoignent les récents jugements émis sur la question.

Et que fait l’opposition qui rit de les voir si bêtes en ce tiroir ? Elle se déchire, se divise et se tire dans les pattes, obsédée par l’échéance qu’on croirait imminente tant on en parle et reparle à longueur de talk-shows, émissions, pages politiques et interviews. La question hautement éthique de la GPA vient en outre ajouter à la confusion qui règne dans le camp de l’alternance future. Aucune ligne commune ne peut se dégager au sein de ceux, dans l’opposition, qui se destinent aux plus hautes responsabilités.

Le spectacle offert par les ténors de l’UMP ne fait qu’accroître le sentiment de désordre déjà prédominant. Le niveau auquel se situent les querelles d’individualité -faites de petites phrases, de twitts assassins, de selfies et autres attestations d’égocentrisme- donne la désagréable impression que le personnel politique est lui-même sans repère et que le marigot dans lequel il évolue a totalement perdu contact avec la réalité.

Les Français sont inquiets à tous points de vue. Comment s’étonner dès lors, qu’ils profitent d’un mouvement dédié à une cause particulière, pour crier leur angoisse sur d’autres sujets ?

*Photo : NICOLAS MESSYASZ/SIPA. 00694669_000023.



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