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Des No-Jew zones à Berlin

Et les coiffeurs ?


Des No-Jew zones à Berlin
Barbara Slowik photographiée à Berlin le 15 avril 2021 © snapshot-photography/F Boillot/S/SIPA

Was für eine Überraschung ! Berlin paye cher l’accueil de réfugiés musulmans: antisémitisme et homophobie s’y développent. La chef de la police conseille aux juifs et aux homosexuels d’être prudents dans « certains quartiers » !


Certains entretiens font l’effet d’une bombe alors même que ce qui y est dit n’a rien de surprenant. Leur impact vient du fait que, tout à coup, ce que tout le monde sait mais qu’il ne faut pas dire sous peine d’être ostracisé, est reconnu par une autorité officielle.

Polizei aïe aïe !

C’est ainsi qu’en Allemagne, la chef de la police de Berlin, Barbara Slowik, a fait scandale en déconseillant aux juifs et aux homosexuels de s’aventurer dans certaines zones de la capitale allemande. Le Berliner Zeitung lui a posé la question qu’évite la majeure partie des journalistes ici : « Qui représente un danger pour les juifs ? » Elle répond clairement : « Il existe certains quartiers dans lesquels vivent une majorité de personnes d’origine arabe qui ont également de la sympathie pour les groupes terroristes. Un antisémitisme ouvert s’y exprime à l’encontre des personnes de foi et d’origine juive ». Elle sait de quoi elle parle : comme partout en Europe depuis le 7 octobre 2023, l’antisémitisme a explosé en Allemagne et plus de 6000 enquêtes pour actes antisémites y ont été menées.

« Libérez la Palestine de la culpabilité allemande »

Dans le quartier berlinois de Neukölln, peuplé d’une proportion importante de migrants notamment turcs, syriens et libanais, des sympathisants du Hamas ont distribué des gâteaux le jour même du pogrom du 7-Octobre et dans celui de Mitte, où une forte population musulmane réside aussi, une synagogue a été attaquée à coup de cocktails Molotov peu de jours après. Ces attaques ont choqué la capitale allemande, et la multiplication des actes antisémites qui a suivi déstabilise une classe politique qui pensait avoir réussi la dénazification et se voit rattrapée par l’antisémitisme culturel arabo-musulman tandis qu’elle assiste également à la montée électorale du parti d’extrême-droite, l’AfD.

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Mais l’extrême-droite est, dans les faits, dépassée par l’extrémisme des mouvements de gauche pro-palestiniens, ceux-ci scandent de plus en plus le slogan : « Libérez la Palestine de la culpabilité allemande ». Une façon de faire d’Israël l’enfant de la Shoah et de faire de l’Allemagne, le responsable de la situation. Le pays laverait le péché commis lors de la Deuxième Guerre mondiale dans la souffrance des Palestiniens et en serait donc comptable.

Des terminologies communes chez la gauche woke et chez les néo-nazis

Face à une haine des Juifs qui se manifeste de plus en plus, les Allemands n’ont pas détourné les yeux. Ils ne cachent pas le fait que la haine anti-juive s’observe avant tout chez les immigrés et les musulmans radicaux et que, sous prétexte de solidarité avec la Palestine, ils sont en train d’assister à la naissance d’un « antisémitisme woke ». Façon aimable de nommer l’antisémitisme répandu et assumé par la gauche. À la racine de cette décompensation antisémite, se trouve, comme chez nous, un antiracisme exacerbé où l’union du post-colonialisme et l’idéologie racialiste en mode Black Lives Matter a accouché d’une vision du monde aussi réductrice que stupide où les rôles de « bons » et de « méchants » sont liés à la couleur de peau, l’ethnie, l’appartenance religieuse… Dans ce monde manichéen, le Palestinien est le persécuté et le Juif, le bourreau.

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De façon paradoxale, au terme de ce travail d’annihilation de la pensée critique, la gauche woke allemande rejoint l’extrême-droite néo-nazi et use des mêmes termes : le slogan qui invite à libérer la Palestine de la culpabilité allemande renvoie directement au « culte de la culpabilité », ce procès que l’extrême-droite fait au devoir de mémoire, un des axes central de la dénazification. Björn Höcke, un des responsable de l’AfD, a d’ailleurs qualifié le mémorial de la Shoah de Berlin de « monument de la honte ». Alors certes, comme chez nous, les politiques condamnent et s’indignent, mais ils semblent également impuissants à contenir un antisémitisme culturel et politique dont les derniers avatars se découvrent au sein de l’immigration musulmane et dans la gauche radicale. Autant ils savent le combattre quand il vient de l’extrême-droite, autant ils semblent paralysés face à ce nouvel antisémitisme. Mais au moins, les Allemands ont-ils le cran de regarder en face qui sème la haine des Juifs et le courage de le dire officiellement. Ce n’est pas si anodin.




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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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