Accueil Économie «C’est aujourd’hui dimanche, tiens ma jolie Maman, voici des roses blanches toi qui les aimes tant…»

«C’est aujourd’hui dimanche, tiens ma jolie Maman, voici des roses blanches toi qui les aimes tant…»


«C’est aujourd’hui dimanche, tiens ma jolie Maman, voici des roses blanches toi qui les aimes tant…»
Patrick Martin au Mondial de l'automobile, 17 octobre 2024 © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Le président du Medef Patrick Martin s’inquiète des orientations prises par le gouvernement pour le budget. Alors qu’il craint une baisse de la compétitivité des entreprises nationales, il propose plutôt de ressortir la vieille idée d’une TVA sociale.


En première page du Parisien ce week-end, la tendance est tout de suite donnée : le président du Medef, Patrick Martin, avertit sans détour: « Il faut choisir entre hausses d’impôts et création d’emplois »… et plaide entre autres pour la mise en place d’une « TVA sociale ».

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit

La suite de l’interview donne le ton, à l’image de cette question posée par le journaliste : « Il y a deux mois vous affirmiez que les entreprises étaient prêtes à payer plus d’impôts. Le discours a-t-il changé » ? Réponse de l’intéressé : « Pas du tout. Mais je n’avais fait aucun chèque en blanc. Compte tenu de la gravité de la situation budgétaire, j’avais évoqué cette possibilité exceptionnelle, mais à la condition expresse qu’elle soit temporaire et ciblée ». Autrement dit : je l’ai dit mais cela ne voulait pas dire ce que j’ai dit.

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Le fait est que la boite de Pandore a été ouverte et que depuis les parlementaires s’en donnent à cœur joie, rivalisant d’imagination pour tenter par tous les moyens de tondre les entreprises, les ciblant toutes et de façon pérenne. Mais, ce n’est pas la faute du président du MEDEF, seulement de ce qui a pu être pris pour – sinon un encouragement du moins une permission – une réponse généreuse et maladroite au gouvernement ! Réponse toutefois qui a provoqué la déprime des entrepreneurs qui ont perdu, eux, toute naïveté quant à la façon dont l’administration fiscale et le service public fonctionnent encore dans notre pays !

La TVA sociale, une mauvaise idée en période de croissance molle

Pour se racheter, le patron des patrons part cette semaine sur la TVA sociale, système qui permet d’alléger les cotisations sociales payées par les entreprises en ponctionnant 1 ou 2% sur tous les produits vendus, incluant les produits importés. Vieille bonne idée bien sûr, rapportant « environ 13 milliards par an ». Initiative intéressante (la TVA sociale est une bonne idée en période de croissance mais inadaptée en période de crise) qui consiste néanmoins encore à imposer les citoyens au lieu de se concentrer sur la baisse de la dépense publique. Le président du MEDEF doit absolument donner des pistes sur ces économies indispensables avant de proposer de nouveau impôts indirects. Quant aux 200 000 entreprises adhérentes, cette idée recueille-t-elle l’assentiment des dirigeants autant que la réponse de l’association patronale il y a deux mois au Premier ministre ?

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Et ce n’est pas fini pour les entrepreneurs. Ainsi, sur CNews le même jour, le ministre délégué à l’Industrie Marc Ferracci (il a peut-être lu Le Parisien ?), après avoir parlé d’industrie un petit quart d’heure, reconnaît que certes il y a des entreprises en difficulté en particulier dans l’automobile, mais que c’est la vie ! « Les entreprises se créent, vivent et meurent ! ». Selon lui, l’essentiel étant que depuis sept ans il s’en crée plus qu’il n’en disparait. Discours convenu, mais l’étonnement vient du manque de réaction de ses interlocuteurs : où a-t-on vu du provisoire en termes de fiscalité, et surtout a-t-on bien regardé le record absolu depuis six mois des défaillances d’entreprises ? Pas de questions posées sur ces thèmes : on ne saura donc pas si le ministre est au courant des statistiques ?

 « C’est aujourd’hui dimanche, tiens ma jolie Maman, voici des roses blanches, toi qui les aimes tant » (chanson de Berthe Sylva)… mais la Maman est morte : la nostalgie n’est plus ce qu’elle était, c’est le destin de l’industrie française, si on refuse de considérer le contexte et que l’on persiste à prendre des mesures pour la faire disparaitre.




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