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Existe-t-il une mondialisation autoritaire?

« Le monde qu'ils veulent: Lire et écouter nos élites pour comprendre la révolution en cours », par Ludovic Greiling


Existe-t-il une mondialisation autoritaire?
Le siège de la Banque Centrale européenne à Francfort, de nuit. DR.

Une « révolution » guidée par « une obsession du contrôle et de la planification ». Tel serait le projet mégalomane dont Emmanuel Macron serait l’un des principaux architectes! C’est la thèse soutenue par l’essayiste Ludovic Greiling, dans son livre.


« On est confondu devant le gigantisme des efforts destinés à façonner un monde nouveau, par cette obstination à mener la globalisation quoi qu’il en coûte », écrit l’auteur dans Le Monde qu’ils veulent (L’Artilleur).

« Si nous voulions filer la métaphore agricole, nous dirions que la vision mondialiste est celle d’un immense champ unique et plat, une vaste étendue contrôlable du regard, gérable et réadaptable selon les besoins », explique-t-il.

Le laboratoire européen

Avec sa vocation fédérale et son imposant appareil technocratique, l’Union européenne constitue selon Greiling le laboratoire par excellence de cette mondialisation forcée.

La mise en œuvre de politiques qui homogénéisent les sociétés et les économies des États membres – au mépris de leur souveraineté – participe d’une ingénierie sociale visant à créer un espace uniforme où les différences nationales, culturelles et politiques sont gommées au profit d’une gouvernance centralisée.

« Pour nombre d’élites dirigeantes, l’Union européenne ne peut pas reculer. Elle est le dernier bastion de la « première révolution mondiale » et aussi son modèle le plus achevé », constate ce spécialiste de l’économie.

Un libéralisme illibéral 

Le paradoxe de ce projet est de combiner autoritarisme et libéralisme dans une synthèse contredisant les principes mêmes du libéralisme classique, un courant censé s’harmoniser davantage avec des formes d’organisation souples et décentralisées.

Pour des penseurs libéraux comme Friedrich Hayek, c’est parce que le marché et la société elle-même sont intrinsèquement capables de s’autoréguler que l’État ne doit pas trop y intervenir, au risque de compromettre leur équilibre et de freiner leur dynamisme.

Or, pour cette élite, la libéralisation ne répond plus à des dynamiques naturelles et spontanées, profitables aux peuples concernés, mais est un objectif à imposer par le haut, faisant apparaître un «libéralisme» dont le propre est de «libérer» par la force.

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Avec les Macron, Schwab et Soros de ce monde, il s’agit d’instaurer une société «libérale» mais policée, où l’individu est «libre», mais à l’intérieur du cadre conçu par cette élite pseudo éclairée.

On trouve une tension similaire dans ce qu’on appelle le capitalisme de surveillance: l’individu peut consommer tout ce qu’il veut et autant qu’il veut, mais au prix d’être le cobaye d’industries qui l’espionnent et dont les intérêts convergent avec ceux des États vampires. Autant dire au prix de sa liberté. 

De cette façon, nous ne sommes plus devant un libéralisme classique mais une sorte de libéralisme illibéral. Ce système se veut ouvert, notamment en permettant aux gens d’exprimer leur identité culturelle et sexuelle à travers la célébration de la diversité, mais ne tolère pas vraiment la dissidence politique en déployant divers moyens de censure et de contrôle social.

Néo-malthusianisme

Pour Ludovic Greiling, ce projet est inséparable d’un néo-malthusianisme insidieux. Il faut planifier l’économie, façonner les mentalités, mais aussi diminuer les naissances.

La popularité de ce courant serait attribuable en grande partie au Club de Rome. Fondé en 1968, devenu par la suite l’un des principaux foyers de cette vision mécanique de l’humanité, ce think tank serait parvenu à orienter les discussions sur la croissance démographique, les ressources naturelles et l’environnement, contribuant à alimenter le climat anxiogène autour de ladite crise climatique.

Abolir les frontières pour en créer de nouvelles 

Le journaliste relève également certaines contradictions de la même doctrine. Par exemple, il souligne l’incohérence entre l’idéal globaliste supposément marqué par une ouverture tous azimuts et des mesures sanitaires d’essence plus autoritaire que libérale.

Durant les confinements, alors que les frontières internationales restaient ouvertes – du moins pour les personnes vaccinées –, de strictes restrictions étaient imposées à l’intérieur même des États, créant de nouvelles frontières entre les gens et entre leur milieu et eux.

Dans la Belle Province, cette interversion est survenue de manière radicale quand Québec a interdit aux gens de se rendre dans une autre région que la leur. 

«Ce double mouvement d’ouverture totale vers l’extérieur et de mesures de coercition extrêmes à l’intérieur est un fait assez nouveau dans l’histoire politique», observe-t-il.

Ludovic Greiling se dresse contre ce nouvel autoritarisme en marche, pour lequel un «ordre supérieur» est en droit de bouleverser le mode de vie des populations. En exposant ses fondements idéologiques, il nous aide à mieux comprendre cette mondialisation forcée.

192 pages



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Auteur et journaliste. Rédacteur en chef de Libre Média. Derniers livres parus: Un Québécois à Mexico (L'Harmattan, 2021) et La Face cachée du multiculturalisme (Éd. du Cerf, 2018).

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