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Trump, l’invirable et quelques autres

La chronique de Richard Prasquier


Trump, l’invirable et quelques autres
Publicité pour le programme tv "The Apprentice" affichée sur la Trump Tower à New York, 2004 © SIPANY/SIPA

Le Premier ministre d’Israël Benyamin Netanyahou se réjouit de la victoire de Trump en Amérique


«You are fired», vous êtes viré, cette phrase sur NBC a rendu Trump célèbre pendant la dizaine d’années où, à son émission hebdomadaire de télé-réalité sur le monde des affaires, il annonçait brutalement à l’un des candidats qu’il devait quitter la scène. Arnold Schwarzenegger a remplacé Donald Trump quand celui-ci est devenu candidat à l’élection présidentielle, candidature considérée alors comme une fantaisie de milliardaire. Il a commencé sa campagne en insultant les latinos, ce qui a amené les chaines télévisées à rompre leurs contrats avec lui. 

Mais Trump est difficile à virer. Un an plus tard Schwarzenegger avait effondré l’audience de l’émission et Trump était devenu le 45e président des États-Unis. 

La mauvaise passe du libéralisme

L’estrade désertée de l’Université Howard à Washington où la candidate démocrate devait prendre la parole après les votes en a dit plus qu’un long discours.  Dans ce pays si divisén la victoire de Trump a été acceptée par ses adversaires avec élégance, mais ce n’est pas seulement Kamala Harris, c’est d’une certaine façon le Parti Démocrate tout entier qui a été viré par le peuple américain.

Trump a montré une capacité exceptionnelle à sentir les sentiments de ce public. Il y a rencontré des colères et il les a mises en scène de façon aussi grossière qu’efficace. La colère contre la vie chère, le panier de provisions dont le prix  augmente  sans que le salaire suive, une notion bien plus parlante aux yeux du public que les chiffres trop abstraits de l’impressionnante santé de l’économie américaine, dont son adversaire n’a pas su quoi faire dans sa campagne. 

Colère contre un libéralisme économique rendu responsable du déclin de certaines régions et de la complaisance devant l’arrivée en masse de populations immigrées accusées de tirer les salaires vers le bas.

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Colère contre un confusionnisme sexuel venant araser les modèles familiaux traditionnels, colère contre les assignations identitaires qui déconstruisent l’identité nationale au profit d’identités tribales. 

Colère enfin contre les soi-disant élites qui ne protestent pas contre une idéologie woke qui, sous couvert de sophistication intellectuelle et de supériorité morale, représente souvent un défi au bon sens et promeut de nouvelles intolérances.

Force est de constater que les colères qui soulevaient les femmes (rétablissement des droits à l’avortement au niveau fédéral) ou les minorités n’ont pas été exploitées de façon aussi efficace par Kamala Harris lors de sa campagne.

Le discours de Trump axé sur les colères déforme souvent la vérité et risque de générer une politique de boucs émissaires. Il reste à espérer que redevenu président, il saura tempérer ses désirs de vengeance pour assurer l’unité de son pays. Ses premières déclarations le suggèrent.

Comme d’habitude, la situation internationale n’a guère pesé dans le choix des électeurs. 

On peut se demander si Trump, dont le rapport à l’armée a toujours été problématique, croit encore qu’il faut traiter avec Poutine et consorts comme avec les rivaux commerciaux mis en scène dans son émission de télé-réalité. Contrairement à la situation de 2016, une puissante alliance anti-américaine s’est mise en place et toute initiative d’accord sera prise pour une preuve de faiblesse appelant à de nouvelles agressions.

La mauvaise passe de l’Ukraine

L’Ukraine avant tout et les voisins de la Russie derrière elle sont inquiets. Même si le démantèlement de l’Otan est peu probable en raison des gardes fous votés récemment par le Congrès, les demandes réitérées de Trump à une participation accrue des Européens à leur défense se heurtent à la réalité de la faiblesse actuelle de la France et de l’Allemagne.

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Quant à la guerre au Moyen-Orient, foyer central de la confrontation planétaire, le soutien de Trump à Israël a été réitéré avec emphase au cours de sa campagne. Il s’associe au souvenir de sa première présidence et à celui de son hostilité à l’Iran. Il ne faut donc pas s’étonner que Trump soit particulièrement populaire en Israël, d’autant que la position de Biden dont les exhortations de cessez-le-feu intempestives ont fait oublier son soutien sans faille en période de difficulté, a exaspéré une grande partie de la population.

Aux États-Unis, néanmoins, la majorité des Juifs, et pas seulement les antisionistes ou asionistes, ont voté en faveur de Kamala Harris. Ils l’ont fait parce qu’ils ont toujours voté démocrate, parce qu’ils ne supportent pas un président aussi problématique que Donald Trump sur le plan humain, mais aussi pour certains parce qu’ils sont inquiets de l’imprévisibilité de l’homme et de la façon dont il peut se faire manipuler par un Poutine qui connait par cœur ses faiblesses et qui est actuellement objectivement l’allié le plus proche de l’Iran. 

Quoi qu’il en soit, il est rassurant de savoir que, malgré le vacarme universitaire et médiatique anti-israélien, une large majorité de la population américaine continue de soutenir Israël. C’est aussi le cas de la hiérarchie militaire, comme en témoigne la lettre ouverte récente d’une centaine de généraux retraités rappelant qu’Israël est pour les États-Unis un allié irremplaçable.

Parmi les électeurs juifs heureux de l’élection de Trump, il y a certainement eu Benjamin Netanyahu, un autre invirable. C’est le jour des élections présidentielles américaines qu’il a viré son Ministre de la Défense, Yoav Gallant. Mais cela est une autre histoire…




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est président d'honneur du CRIF.

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