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Cyrille Eldin: mon histoire avec une metoomane

Entretien avec Cyrille Eldin. Propos recueillis par Yannis Ezziadi et Élisabeth Lévy


Cyrille Eldin: mon histoire avec une metoomane
Cyrille Eldin © Stéphane Edelson

Cyrille Eldin a été condamné pour « violences psychologiques » sur son ex-compagne. L’ancien animateur- vedette de Canal+ est aujourd’hui séparé du fils qu’ils ont eu ensemble, au chômage et sans possibilité de travailler. En attendant l’appel de cette condamnation, il veut rétablir la vérité.


Causeur. Précisons d’abord que nous sommes tous amis. Le 14 octobre, on a appris dans la presse (qui a traité votre cas avec la gourmandise due à un ancien animateur vedette sur Canal +) votre condamnation par le tribunal de Nanterre à six mois de prison avec sursis pour violences psychologiques sur votre ex- compagne. C’est exact ?

Cyrille Eldin. J’ai été condamné pour trois chefs d’inculpation. Détention d’arme : c’était l’arme de mon père que je cachais au fond d’un placard (sans munition), depuis sa mort en 1997 ; et que je n’ai évidemment jamais utilisée. Détention de stupéfiants, en l’occurrence du cannabis (qui était pour l’essentiel du CBD, produit légal) et 1,4 gramme d’ecstasy qui avait été donné à ma compagne au cours d’un mariage et que nous n’avions jamais consommé. Mais si j’ai été à la une de certains médias, c’est évidemment à cause de la condamnation pour violences psychologiques sur mon ex-compagne. Je fais appel, parce que je suis innocent.

Vous êtes en tout cas présumé tel. Les plaignantes ne manquant jamais de tribunes extrajudiciaires, nous donnons la parole à la défense, comme nous l’avons fait avec Yoann Manca. Racontez-nous votre version de l’histoire.

Sandrine Calvayrac et moi nous sommes rencon- trés fin 2015. Pendant trois ans nous avons vécu une histoire parfois orageuse, souvent insouciante et toujours passionnée. Il faut dire que tout nous souriait, j’étais alors un des visages vedettes de Canal, j’avais embarqué Sandrine au « Petit Journal », on s’embras- sait à l’écran pour la Saint-Valentin, on voyageait. Bref, on était un couple assumé, même si on ne vivait pas ensemble, car je n’étais pas encore divorcé. Il y avait des crises, des sautes d’humeur mais la plupart du temps, c’était joyeux. Quand elle m’a brutalement quitté en 2018, j’en ai bavé. Je n’ai eu aucune nouvelle pendant trois ans et, en avril 2021, elle débarque au Théâtre de l’Atelier où je joue le rôle de Michel Rocard dans L’Opposition. Elle me fait le grand jeu, me dit que je suis l’homme de sa vie, qu’elle veut un enfant de moi. Elle m’envoie L’Attente de Johnny Hallyday, une chanson d’excuses. Je plonge bien sûr, je suis flatté, je veux retrouver la magie de notre histoire. Je suis partant pour un enfant. J’aime être père. Je suis très fier de mes deux aînés, Camille, 23 ans et Roman, 20. Ils vivent avec moi et nous sommes très soudés.

Et alors, la magie revient ?

Les premières semaines, c’est le grand amour, quoique toujours en montagnes russes. Sandrine est contra- riée que sa carrière de comédienne soit au point mort. Pendant toute cette période, elle ne décroche aucun contrat et ça la rend amère, ce que je comprends. Quant à moi, j’ai encore une émission littéraire sur Canal, « Caractères », des envies de théâtre, mais ce n’est plus la vie facile de la période « Petit Journal ». Je redeviens un saltimbanque. En juillet 2021, elle est enceinte. En novembre 2021, à sa demande, je l’aide à payer le loyer de l’appartement qu’elle a conservé à Paris, puis quand elle décide de venir vivre chez moi, je prends en charge le déménagement et tous les frais, comme une évidence.

Ce qu’on entend, c’est qu’en quelques mois vous êtes passés de la passion aux questions budgétaires.

Alors qu’elle tombe enceinte, elle se replie, s’isole, ne sort plus de la maison, ne voit jamais d’amis malgré mes encouragements. Je l’accompagne à tous les rendez-vous chez l’obstétricienne, puis le pédiatre… Après la naissance de Julian, le 28 mars 2022, elle devient excessivement possessive. Je mets ça sur le compte de l’inquiétude maternelle, c’est son premier enfant. Mais il y a des engueulades. Ça dégénère pendant l’été, alors que nous sommes en Sardaigne. Je pense qu’elle ne le nourrit pas assez, ce que confirmera la pédiatre en septembre. Un jour, alors que je lui dis de nous foutre la paix, à Julian et moi, pendant que je donne le biberon, elle sort son portable et me filme en disant, sans aucune raison : « Tu vas faire quoi ? Tu vas me taper ?! » Et là je me dis : « Attention danger ! » En septembre, je joue au théâtre, donc je ne suis pas là le soir, ce qui me vaut d’épouvantables scènes de jalousie. Durant toute cette période, je vois le piège se tendre, je reste le plus calme possible face à ses crises d’hystérie. Je reste pour notre fils, mais il n’y a plus de couple.

Elle vous quitte en janvier, avec Julian ?

Oui, le 29 janvier, elle part chez son père, dans le sud de la France. Elle m’écrit ce jour-là ce SMS, avant de ne plus donner de nouvelles durant quatre jours : « C’est un enfant de l’amour, je veux une vie apaisée, je ne te couperai jamais de lui. Je t’embrasse », avec un cœur ! Ce qui prouve que, contrairement à ce qu’elle racontera ensuite, elle n’est pas partie de chez moi terrorisée. Le 5 février, elle m’appelle : « Comment on fait pour mes affaires ? » Moi : « Comment on fait pour Julian ? » La conversation tourne court mais sans dérapages. Le 7 février, je me désolidarise du compte commun. Le 10, je saisis le juge aux affaires familiales et dépose une main courante pour soustraction d’en- fant. J’ignore que, la veille, elle a porté plainte pour menaces de mort.

Cyrille Eldin et son ex-compagne, Sandrine Calvayrac, à Roland-Garros, 30 mai 2018. Haedrich/Niviere/SIPA

Que se passe-t-il du côté des affaires familiales ?

L’audience civile est prévue le 13 avril 2023. La veille, c’est-à-dire très tard, nous recevons les conclusions de son avocat qui annoncent des témoignages sur l’enfer qu’aurait vécu Sandrine. Je m’apprête à répondre à ces accusations dans la nuit pour mon avocate. Mais je ne serai pas à l’audience. À six heures du matin, les portes de ma maison sont défoncées. Pas moins de dix policiers pénètrent et me passent les menottes. J’attends dix minutes à poil l’arrivée d’un officier de police judiciaire qui m’annonce que je suis visé par une plainte de Sandrine Calvayrac. Je suis placé en garde à vue (pour la première fois de ma vie) et ne peux donc pas me présenter devant le juge aux affaires familiales.

Avez-vous peur ?

D’après vous ? Mes avocates de l’époque, au civil comme au pénal, me disent que le dossier est vide mais que, selon elles, je serais sûrement condamné, vu le « contexte MeToo ». J’ai changé d’avocats depuis. Ma garde à vue est prolongée à trente-six heures pour une confrontation avec Sandrine. Pendant tout ce temps, j’ai l’impression de n’avoir affaire qu’à des gens déjà convaincus de ma culpabilité.

Quels sont les jugements successifs rendus au civil ?

J’ai passé dix mois sans voir mon fils, je ne l’ai pas vu faire ses premiers pas. À la fin de ce supplice, le tribunal m’a autorisé à voir Julian de 10 à 17 heures une fois par mois. Je précise que je dois me rendre dans le Var avec ses deux frères à qui il manque beaucoup, ce qui est assez onéreux, alors que ma situation financière se dégrade. Maintenant, j’ai le droit à un week-end tous les quinze jours. Et trois jours pendant les vacances. Le plus incroyable, c’est que Sandrine m’accusait de faits relevant du pénal, pour lesquels je risquais une peine de prison, et me demandait au civil une pension de 3 000 euros par mois. Avec le recul, il est assez évident que sa plainte avait pour but de justifier son départ précipité de la maison, me privant ainsi brutalement de mon fils. Il fallait bien de telles accusations pour expliquer ce comportement.

Que se passe-t-il après votre sortie de garde à vue ? Y a-t-il un juge d’instruction ? Êtes-vous auditionné plusieurs fois par la police ?

Il n’y a pas eu de juge d’instruction, mais seulement une enquête policière qui a été minimaliste. Même le procureur a reconnu la faiblesse de l’enquête faite exclusivement à charge. Outre les trois chefs d’accusation déjà cités, Sandrine me poursuivait aussi pour menaces de mort.

Racontez-nous l’audience…

La première chose qui m’a frappé, c’est la présence de journalistes. Ils ne s’intéressent plus du tout à moi, mais tout de même assez pour faire leurs choux gras de mes déboires. Le 23 septembre 2024, j’ai demandé à mes deux aînés, qui vivent avec moi et qui étaient donc les seuls spectateurs de notre quotidien, de venir témoigner. Cette audience pénale a duré trois heures et demie. Nous étions très confiants. Mon avocat a bien plaidé, mes enfants ont témoigné en restant très factuel, expliquant que Sandrine cherchait le conflit en permanence, qu’elle mentait sur des moments précis, et que le comportement qu’elle m’imputait était en réalité le sien. Pour nous, le seul enjeu, c’était de retrouver Julian dans des conditions acceptables.

Trois semaines après, c’est la douche froide…

Mon avocate m’apprend le 14 octobre que je suis condamné pour la détention de l’arme et pour les stupéfiants : normal, j’ai reconnu les faits, même si le prétendu cannabis était, je le répète, du CBD à plus de 80 %. Je suis relaxé pour les menaces de mort. Dans ces conditions, la relaxe pour les violences psycholo- giques semblait évidente puisque les deux reposaient sur les mêmes fondements : des déclarations invéri- fiables de Sandrine et une enquête bâclée. Et pourtant, je suis déclaré coupable. C’est incompréhensible ! J’ai fourni des pages et des pages de SMS constatés par huissier, et que mon avocat a lus à l’audience, dans lesquels Sandrine m’insulte : « T’es une ordure ! », « Une vieille merde ! », « Racaille ! », « Ton immense gueule de corbeau », « Mais y a pas une mongole qui se respecte qui reste avec toi », « T’es une merde, t’es pire qu’un arabe », « Trisomique » et d’autres horreurs. Si je suis condamné, elle devrait l’être aussi car ses insultes sont écrites, tandis qu’elle me prête des propos orduriers sans la moindre preuve. Autrement dit, j’ai les preuves des « violences psychologiques » dirigées contre moi, et c’est moi le coupable !

Depuis, en quoi votre vie a-t-elle changé ?

C’est simple, j’ai tout perdu en trois jours. Le lundi, je prends six mois avec sursis, le mardi c’est mon dernier jour à Canal+ et le mercredi, je reçois un message désolé de mon ami et metteur en scène Patrice Leconte. Il dit que tous les théâtres de province craignent de me voir finir en prison en pleine tournée, ce qui l’oblige à me remplacer pour le rôle… Je suis donc éjecté de la pièce. Cependant, je n’en veux pas à Leconte qui, pour le procès, a rédigé une attestation en ma faveur. Les pressions sont énormes, en tout cas bruyantes. Certes, je préférerais que les productions résistent, après tout, que risque-t-on à me faire jouer, d’autant que je suis présumé innocent : une mauvaise presse, 20 mani- festantes devant le théâtre, des tweets malveillants, le jugement de France Inter ? Est-ce que ça dissuaderait le public ? Ce serait dommage… Si je suis coupable d’une chose, c’est d’avoir vécu une relation toxique. Elle aurait dû se finir par une séparation amiable et un partage de la garde de notre fils. Le résultat, c’est que je ne le vois pas grandir et que je me retrouve au chômage, et sans possibilité de travailler. J’ai toujours travaillé grâce à un capital sympathie, aujourd’hui je déplais, on me craint, je suis le salaud qui a terrorisé sa compagne. Depuis quelques années, ma notoriété a baissé. Mais j’en ai encore vraisemblablement assez pour me faire virer.

Pensez-vous que vous pourrez retravailler si vous êtes blanchi ? Et sinon, avez-vous des projets ?

D’abord, il faut digérer, et comme je fais appel, la digestion sera lente… J’ai écrit un seul-en-scène sur la poli- tique. J’avais un producteur très excité par le projet, mais nous l’avons mis en suspens à cause du procès. Depuis la condamnation, j’attends son coup de fil. Je dois continuer de payer les études de mon fils Roman ; je dois assurer une vie équilibrée à mes enfants et à ma famille malgré les mensonges de mon ex-compagne et de son père. Mais celui qui paie le plus cher dans cette histoire, c’est notre fils Julian.

Pensez-vous être responsable de ce qui vous arrive ?

J’aurais dû réagir aux premiers signes, lorsqu’elle est reve- nue dans ma vie. Elle est arrivée vraiment fauchée et au bout de huit jours, elle se plaignait de la cuisson du homard. À Noël, je lui avais offert un séchoir Dyson et elle s’était plainte à mon fils parce qu’elle voulait un sac Chloé… Je n’aurais pas dû accepter son narcissisme, tous ses caprices. Je n’ai jamais cherché à humilier la femme avec laquelle je venais d’avoir un enfant, je l’aimais. En plus, j’étais prévenu par mes amis, mon entourage ; et surtout, j’étais assez responsable pour rester lucide. S’il y a eu des scènes de ménage, je n’ai jamais fait subir à Sandrine de violences psychologiques. Au contraire, je prenais sur moi chaque fois que je recevais des insultes, notamment par écrit, et à la fin j’ai été accusé de ce que je subissais. Je veux rétablir cette vérité, et retrouver mon fils.

Novembre 2024 - Causeur #128

Article extrait du Magazine Causeur




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