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Mazan, c’était écrit?

Dominique Pelicot aurait-il lu le marquis de Sade?


Mazan, c’était écrit?
Mazan. DR.

La terrible « affaire Pelicot », également dite des « viols de Mazan » a un précédent historique. Le marquis de Sade, propriétaire du château de Mazan, a lui aussi drogué des femmes pour les violer.


À n’en pas douter, certains noms sont empoisonnés ! Pensez, Mazan ! Nous sommes en 1771. Le marquis de Sade est marié (plutôt vendu par son père), depuis 1763, à Renée-Pélagie de Montreuil, mais il est fou amoureux de sa belle-sœur, Anne-Prospère de Launay. Sa femme est laide, elle a du caractère, sa belle-sœur (qu’il appelle « ma sœur ») est « un petit trésor » piquant. L’affaire s’emballe au château de La Coste, proche de celui de Mazan, autre propriété familiale[1]. Sade écrit à l’abbé de Saumane, son oncle, pour « l’amuser un peu dans sa solitude » et pour prévenir les foudres de sa belle-mère : « Du milieu de cette famille aussi vertueuse qu’épaisse est sorti un ange céleste qui, par tous les agréments physiques et moraux qui la referment, a porté le méchant public à de furieux doutes sur la vertu de la Présidente, on n’a jamais voulu ni pu croire que le magistrat Cordier ait eu la moindre part à l’existence de cette divinité qui véritablement semblait absolument dégagée de l’informe et lourde matière dont il avait embrouillé les organes du reste de sa progéniture. » La Présidente, c’est la belle-mère, et Cordier, son mari.

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Soupçons

Mais revenons à l’ange céleste, à la divinité. Quand le marquis la rencontre en 1769, elle a 17 ans : « La liberté qu’on nous laisse donne bientôt lieu à d’intimes communications qui m’attirent la confiance et l’amitié de cette jeune personne. Les partis se présentent, elle les refuse, on ne tarde pas à maccuser de singularité, on va jusqu’à me soupçonner des projets : un inceste à moi, mon cher oncle, convenez qu’on ne me rendait guère justice. »

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En octobre 1771, le marquis reçoit Anne-Prospère à La Coste. Elle a 19 ans, elle est chanoinesse, mais faussement religieuse. La fièvre monte. La partie physique va se jouer et au-delà. La passion est établie. Le scandale aussi. La saison est au plaisir. La Présidente est furieuse : ses deux filles sont sous l’emprise du même homme !

Valet rabatteur

L’air devient irrespirable. Sade prémédite alors une escapade marseillaise. Arrivée : juin 1772. Son valet Latour s’occupe de recruter des filles très jeunes. Donatien leur distribue des bonbons d’anis à la poudre de cantharide, un puissant aphrodisiaque. Orgie : flagellation et sodomie (crime puni par le feu vif). Les dragées sadiennes sont supposées emporter le consentement. À forte dose, elles empoisonnent celles qui les ingurgitent au point que ces dernières défaillent. Sade, évidemment, encourage les filles à se servir copieusement. Deux d’entre elles tombent malades. Les médecins pensent à l’arsenic. On s’en convainc. Fausse piste. Quoi qu’il en soit, on prévient la maréchaussée qui ouvre une enquête. Sade est un empoisonneur parfait. Ce qui n’était qu’une banale partie de débauche devient une affaire d’État arbitrée par l’opinion publique. Le marquis doit encore fuir. Direction l’Italie avec sa belle-sœur. Sous quel nom d’emprunt voyage-t-il incognito ? Comte de Mazan.

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[1] Le château restera dans la famille de Sade jusqu’en 1854. C’est aujourd’hui un hôtel…




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écrivain et critique littéraire

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