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Barnier, en quête du peuple oublié

Le billet politique d'Ivan Rioufol


Barnier, en quête du peuple oublié
Le Premier ministre Michel Barnier en déplacement à L'Arbresle (69), le 25 octobre 2024 © Bony/SIPA

Le Premier ministre savoyard pense qu’il n’aura pas le temps de faire de grandes lois. Il entend consulter les cahiers de doléances des gilets jaunes pour alimenter sa réflexion.


C’est au-dessus de leur force : les « progressistes » restent hermétiques aux colères françaises, quand elles pointent l’enfermement mental des dirigeants mondialistes. Cela fait sept ans qu’Emmanuel Macron, en chute dans les sondages (78% de mécontents) se montre incapable d’entendre les gens ordinaires. Ses certitudes universalistes lui suffisent. Or la dénonciation feutrée de cette pathologie politique est venue, hier, de Michel Barnier, dans Le Parisien-Dimanche : le Premier ministre, en quête du peuple oublié, a annoncé vouloir consulter les cahiers de doléances, rédigés par les Français en 2019 après la révolte populaire des gilets jaunes. Il faut donc comprendre que les avis des citoyens d’en bas avaient été enterrés par les décideurs d’en haut, une fois le calme revenu. Cette révélation d’une indifférence du pouvoir n’en est certes pas une, tant la mascarade tient lieu de communication chez M. Macron. Néanmoins, ce mépris élitiste pour les opinions de « ceux qui ne sont rien » est devenu explosif. La crise de la démocratie mériterait, au contraire, l’humilité des puissants, incapables de reconnaître leurs erreurs. Le Premier ministre a compris ce besoin de proximité et de dialogue. Ceci lui vaut la mansuétude de l’opinion. Reste à savoir jusqu’où M. Barnier, homme prudent, est prêt à aller s’il veut répondre aux exaspérations des oubliés. Pour beaucoup, ils ont pris ou vont prendre le chemin du RN et de ses alliés, snobés par le Premier ministre. Ce sont ces mêmes proscrits qui, aux Etats-Unis, s’apprêtent à voter le 5 novembre pour Donald Trump, traité de « fasciste » par Kamala Harris. A une semaine du scrutin, la démocrate, soutenue par le show-biz à paillettes, semble à la peine.

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Une révolution des mentalités redonne du crédit aux pestiférés d’hier, aux Etats-Unis comme en France. Dans son dernier livre[1], Philippe de Villiers admet avoir souffert de son « destin de souffre-douleur archétypal ». Pour autant, le pionnier du souverainisme s’impose aujourd’hui, dans un univers où les élites se délitent, parmi les résistants les plus écoutés, et pas seulement sur CNews dans son émission à succès du vendredi soir. « Une génération de survivants-combattants va poindre », veut croire le promoteur du Puy-du-Fou, du Vendée Globe et de la mémoire vendéenne. Mais nombreux sont, dès à présent, les Français qui ne veulent pas voir leur pays mourir.

Ce réveil existentiel est loin d’être minoritaire. Il pourrait peut-être accompagner, chez des indigènes malmenés par le nouvel occupant islamisé, la reproduction inversée d’une dynamique de décolonisation, prônée par la gauche chez les peuples extra-européens. En attendant, mêmes les réflexes pavloviens de la bien-pensance ont pris un coup de vieux. Rien n’est plus convenu que la réflexion d’Eddy Mitchell, l’autre jour sur France Inter, disant des électeurs RN : « Je suis contre ces gens-là ». Thierry Ardisson ne se rehausse pas davantage quand il qualifie, sur France 5, le public de Cyril Hanouna (C8) de « cons » et de « têtes pleine d’eau ». Idem pour Anne Roumanoff, disant du JDD qu’il est « un journal d’extrême droite ». En 2016, Hillary Clinton avait qualifié de « déplorables » les électeurs de Trump, avant de perdre la présidentielle. Alain Minc a dit d’eux, hier soir sur BFM, qu’ils étaient des « sous-développés ». Ceux qui insultent au lieu d’écouter accélèrent leur chute. Leur monde rêvé est faux. D’ailleurs, il s’effondre.

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[1] Mémoricide, Fayard



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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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