Dans son nouveau livre au titre prometteur, Vous êtes l’amour malheureux du Führer, Jean-Noël Orengo revient sur le cas fascinant d’Albert Speer, l’architecte de Hitler.
Beaucoup de lecteurs ont lu les Mémoires de Speer, commencés en prison et publiés à la fin des années soixante. Un gros ouvrage, à vrai dire passionnant (je l’ai lu lorsque j’étais lycéen), qui devint immédiatement un best-seller, avant d’être l’objet de vives controverses de la part des historiens.
Speer avait en effet tendance à se trouver beaucoup trop de circonstances atténuantes, afin de se réhabiliter lui-même dans le monde de l’après-guerre et de se présenter comme… un honnête homme embarqué dans une aventure qui l’aurait dépassé !
La voix de la conscience
Le roman de Jean-Noël Orengo reprend les éléments du dossier, les hiérarchise, pour essayer d’y voir plus clair. Il ne se contente pas d’aborder les principaux aspects de la vie de Speer qui fâchent, en les replaçant dans leur contexte historique. Il va plus loin, il fait s’exprimer, tout du long, la conscience intime du dignitaire nazi, grâce à une sorte d’oralité intérieure que permet le roman, et qui fait affleurer toute la subjectivité maladive de Speer. Pour ce faire, il emploie de manière très pertinente le style indirect libre, plaçant ainsi
