Selon le linguiste Alain Bentolila, il est aberrant d’enseigner le français à des enfants qui ne maîtrisent même pas les fondamentaux de leur langue maternelle. En continuant sur cette voie, les pays dits francophones ne produiront plus que des analphabètes.
Un enfant ne peut apprendre à lire et à écrire dans une langue qu’il ne parle pas. Quelle que soit la méthode de lecture choisie, quelle que soit la démarche pédagogique empruntée, cet enfant aura fort peu de chance de parvenir à maîtriser la langue écrite, tout simplement parce qu’il ne maîtrisera pas suffisamment la langue orale.
Être confronté à des mots écrits qui ne correspondent à rien dans son intelligence est en effet pour un élève la promesse de ne jamais apprendre à lire. Avant même d’apprendre à lire, un enfant devrait en effet posséder, en moyenne, un répertoire de quelque 1850 mots oraux liés chacun au sens qui lui correspond. C’est cela qui lui permet, lorsqu’on lui parle, de reconnaître le « bruit d’un mot » et d’en comprendre le sens en interrogeant le petit «dictionnaire mental oral » qu’il s’est progressivement constitué. C’est ce même dictionnaire de mots oraux qu’il pourra questionner une fois que son enseignant lui aura appris à traduire en sons ce qu’il aura découvert en lettres. Mais si l’enfant ne possède pas, dans son petit
