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Foot/Ligue des nations: Israël contraint d’expatrier ses matchs à domicile


Foot/Ligue des nations: Israël contraint d’expatrier ses matchs à domicile
Giacomo Raspadori (Italie) et Idan Nachmias (Israël), Budapest, 9 septembre 2024 © IPA/SIPA

L’équipe de France affrontera Israël demain soir. La rencontre est organisée à Budapest.


En match aller de la Ligue des Nations, les Bleus rencontrent ce jeudi soir Israël. Contrairement à la règle, celui-ci ne se disputera pas en Israël mais… en Hongrie. C’est à la demande de l’UEFA, organisatrice de cette toute récente compétition, que la Fédération israélienne (IFA) a excepté d’expatrier ses matches à domicile, en raison du conflit au Proche-Orient. « Décision logique, a convenu son président Moshe Zuares auprès du Journal du dimanche. Nous sommes en état de guerre. Personne ne nous punit (…). C’est simplement la réalité actuelle dictée par la sécurité ». Cela se comprend aisément. Un match international à Tel-Aviv, c’était très certainement l’exposer à une rafale de roquettes depuis Gaza ou le Liban, voire à un tir de missile déclenché depuis le Yémen.

C’est ainsi que la sélection israélienne a déjà reçu son homologue belge le 6 septembre, à huis clos, au Nagyerdei Stadion de Debrecen (troisième plus grande ville hongroise), match qu’elle a perdu par 3 à 1, et l’italienne le 9 au Bozsik Arena de Budapest devant un public confidentiel d’à peine 2000 personnes, qu’elle a également perdu sur le score très honorable de 2 à 1. La France, vice-championne d’Europe et du monde, s’était inclinée au Stade de France devant l’Italie par 1 à 3.

Comme quoi, bien que limitée dans ses moyens, l’exilée équipe d’Israël, privée dès lors du soutien de ses supporters, a été capable de tenir la dragée haute à l’italienne, première de la poule qui regroupe ces quatre sélections nationales, le groupe B.

Kylian Mbappé et Antoine Greizmann ne seront pas présents sur la pelouse hongroise

Jeudi, les Bleus joueront dans le même stade que celui de l’Italie, mais sans Kylian Mbappé ni Antoine Griezmann, l’un non-sélectionné bien que capitaine pour une curieuse raison, l’autre ayant pris une soudaine et surprenante retraite anticipée. Peut-être une aubaine pour Israël et l’heure de la vérité pour la France confrontée à un renouvellement de génération.  

Pour revenir à cette sorte de bannissement dont est l’objet Israël, si on se fie aux déclarations de Moshe Zuares, toujours au JDD de dimanche dernier, il ne lui a pas été évident de se trouver une terre accueil. Même si très diplomatiquement, il dit que « de nombreux membres de l’UEFA se sont montrés courageux et véritables amis et nous ont ouvert la porte en ces temps difficiles » mais se sont en fait abstenus prudemment de passer de la parole à l’acte, à la différence de la Hongrie de Viktor Orban. Il est vrai que ce dernier, longtemps soupçonné d’antisémitisme, affiche son soutien à Benyamin Netanyahou. Ce qui n’est pas le cas des autres gouvernements d’Europe. Ceci expliquant donc cela… « Je remercie particulièrement la Hongrie qui est devenue notre deuxième maison », a tenu à souligner Moshe Zuares, confirmant ainsi indirectement que les autres membres se sont discrètement dérobés le moment venu. Le refus de la Belgique d’accueillir à Bruxelles le match retour et l’embarras dans lequel se trouve la France pour organiser le sien au Stade de France en sont la preuve.

Le match Belgique-Israël, prévu le 17 novembre, se déroulera au même stade hongrois, Nagyerdei Stadion, où avait eu lieu le premier, et sans doute encore à huis clos, et non au stade Roi Baudouin de Bruxelles. Pour justifier cette décision, l’adjoint aux sports de la capitale belge, un écologiste, a dit : « Accueillir Israël, c’est faire entrer la tension géopolitique maximale dans nos quartiers, et prendre un risque démesuré de voir un loup solitaire déclencher un nouvel acte terroriste ». En clair, et en peu de mots, cette déclaration entérine la capitulation de la puissance publique face à la menace islamiste. Bruxelles serait-elle donc déjà terre soumise à l’islamisme ?

Incertitude pour le match retour

La France, elle, hésite. Le dossier est entre les mains du nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Vu ses positions fermes sur l’immigration et l’islamisme, on peut considérer que le match ne sera pas délocalisé en Hongrie, car ça serait pour lui un humiliant camouflet. Mais où donc aura-t-il lieu ? A l’origine, il était prévu le 14 novembre au Stade de France, situé en Seine-St-Denis. Or ce département est considéré comme un des fiefs du séparatisme islamiste dans l’Hexagone. Le souvenir des graves incidents du 28 mai 2022 qui avaient marqué la rencontre délocalisée Liverpool-Real de Madrid est toujours vivace. En conséquence, il serait envisagé qu’il se dispute au Parc des Princes. Si d’aventure, c’est cette solution de repli qui est retenue, ça serait, qu’on le veuille ou non, un affligeant message de faiblesse adressé à ce courant « antisioniste » de plus en plus ostentatoire qui se manifeste en France depuis le pogrom du 7-Octobre.

Quant à l’Italie, elle fera jouer le match à Udine, petite ville du Frioul, dans le nord-est de la péninsule, après bien des tergiversations. Mais, car il y a un mais, la municipalité de centre-gauche refuse de s’y associer pour ne pas « créer de la division » parmi ses habitants.

Si cette mise au ban déguisée du foot européen persiste, Israël pourrait tôt ou tard se poser la question de son maintien dans l’UEFA en conséquence, UEFA à laquelle le pays n’a adhéré qu’en 1994. De 1954 à 1974, Israël était, en raison de sa situation géographique, membre de la Confédération asiatique de football (CAF) sans que cela ne pose aucun problème à ses voisins musulmans qui en faisaient aussi partie. Son équipe remporta même en 1964 la Coupe d’Asie, équivalent pour la zone à une Coupe d’Europe. Son équipe junior la gagna six fois (1964, 65, 66, 67, 71, 72). Ce n’est qu’à compter des années 70 que le bloc des fédérations de la péninsule arabique, parmi lesquelles celles de Jordanie, d’Arabie saoudite, ou des Émirats firent pression et obtinrent son départ. Après deux décennies de purgatoire, l’UEFA accepta finalement son adhésion qui risque, si Israël est contraint de jouer ses matches à domicile à l’extérieur et est accueilli avec réticence lors des retours, de devenir intenable.

D’autant que la FIFA, l’autorité suprême du foot mondial, a été saisie le 17 mai, à Bangkok, lors de son congrès, par la Fédération palestinienne (oui, elle existe, bien que la Palestine ne soit pas un État reconnu) d’une plainte pour « débordements anti-palestiniens dans plusieurs stades israéliens » – des banderoles et des chants n’auraient pas été sanctionnés par la fédération israélienne. Pour l’instant, comme l’a titré à ce sujet L’Equipe de mardi, « la FIFA joue la montre ». Le quotidien sportif estime de source proche du dossier « qu’il ne faut pas s’attendre (…) à une mise à l’écart des sélections israéliennes », à l’instar des russes après l’intervention militaire en Ukraine en février 2022. La FIFA a rappelé, selon L’Equipe, « qu’il y a 70 conflits dans le monde » et que si elle devait sanctionner chaque fois, « elle ne ferait que ça. » Réflexion hors propos, pourquoi l’a-t-elle donc fait pour la Russie, si elle se garde de le faire les 70 autres fois ? En tout cas, pour Israël, il n’est pas question de quitter de son propre chef l’UEFA comme elle le fit avec la CFA. « L’UEFA est notre foyer, a dit au JDD, Moshe Zuares, nous sommes ici pour rester et grandir. » Si Israël était contraint à partir, le pays serait fatalement rayé de la planète foot, ce dont rêvent les adversaires de l’État juif, et ce qui serait pour lui est un signe avant-coureur de très mauvais augure. Car le sport est bien souvent aujourd’hui, pour reprendre une citation célèbre de Clausewitz, une manière pour d’aucuns de faire la guerre par d’autres moyens…




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écrivain et journaliste français.

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