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«L’affaire Philippine dérange l’extrême gauche»

Procès en récupération, actions indignes de l'extrême gauche et véritable chagrin


«L’affaire Philippine dérange l’extrême gauche»
Une centaine de manifestants étaient réunis place Denfert-Rochereau au pied du lion de Belfort, dimanche 29 septembre. DR.

La presse de gauche accuse la droite de récupérer l’affaire Philippine. Un recueillement organisé par la députée de la huitième circonscription de l’Isère Hanane Mansouri a été perturbé. Ailleurs, des affiches ont été déchirées. Réunis place Denfert-Rochereau dimanche, les militants de droite se souviennent que leurs adversaires n’étaient pas aussi délicats lors de l’affaire Nahel. Nous sommes allés à leur rencontre.


La place Denfert-Rochereau et son lion, souvenir de la ténacité des Français face aux Prussiens sur la place forte de Belfort en 1870, semble devenue le lieu symbolique de la résistance française. Le jeudi 20 octobre 2022, il y a deux ans, l’Institut pour la Justice y avait organisé un hommage à la jeune Lola. Ce dimanche, plusieurs centaines de manifestants ont répondu à l’appel du collectif Némésis pour une manifestation d’hommage à Philippine. « Féministe et identitaire », le collectif lancé en 2019 mène des actions de sensibilisation sur les violences faites aux femmes et dénonce « l’impact dangereux de l’immigration de masse sur les femmes occidentales ».

Au micro, la présidente du collectif, Alice Cordier, insiste sur le caractère mémoriel de la manifestation et demande aux militants politiques présents d’éviter tout slogan qui contreviendrait aux mots d’ordre des organisateurs ou de retirer leurs cagoules. Elle prévient : « Vous seriez sinon expulsés manu militari ». Message également adressé aux « antifa » qui seraient éventuellement infiltrés dans la manifestation : le service d’ordre évacuera tout perturbateur…

« Cette affaire dérange l’extrême gauche »

La vigilance est de mise, car on craint des perturbations ou des manœuvres d’intimidation de militants de gauche. Hanane Mansouri, député ciottiste de 23 ans, élue dans la 8e circonscription de l’Isère, a vu son hommage interrompu par des agitateurs la veille. « J’ai lancé un appel sur les réseaux sociaux pour organiser un rassemblement en hommage à Philippine. Mais un comité d’accueil était là quand je suis arrivée. On voyait des masques, des chèches… J’ai fait une petite prise de parole pour introduire la minute de silence. Ils ont commencé à crier des slogans anti-fascistes. Ils avaient battu le rappel et étaient assez nombreux », nous raconte la députée.

Parmi les agitateurs, des candidats, militants et collaborateurs de la France Insoumise auraient été identifiés via recoupements sur les réseaux sociaux. « L’affaire de Philippine les dérange beaucoup. Ni le profil de la victime, ni le profil de l’agresseur ne les arrangent, alors ils préfèrent nous faire taire. » Comment vont réagir les députés du groupe UDR à l’Assemblée ? « Il y a eu Lola et Mathis… On ne peut pas s’indigner tous les six mois. On va en discuter en réunion de groupes et décider d’éventuelles actions législatives. Je vais solliciter Bruno Retailleau sur la question et voir quelles actions il souhaite mettre en place », assure la députée. Ces tentatives d’intimidation de l’extrême gauche reviennent dans les discussions des manifestants rencontrés. Une vieille dame en manteau de fourrure rejoint un groupe d’amis et estime qu’il faut relire le « deuxième discours de Soljenitsyne » (Le déclin du courage NDLR). Une autre s’étonne que l’on cantonne la manifestation aux abords de la place, s’indigne que « l’on se laisse faire », et en conclut avec une pointe de dépit que « la droite ne fait pas peur ».

La droite accusée de récupérer l’affaire

Au micro, les responsables du collectif dénoncent « le laxisme de la justice », la non-exécution des OQTF, et égrènent de multiples exemples de violences et d’agressions. Certaines formules font mouche : « nous pouvons mourir pour un regard ou une cigarette », lance par exemple la responsable avant d’être copieusement applaudie. Comme l’est aussi la présence de Florian Philippot et du sénateur Stéphane Ravier. Et comme sont sifflés Didier Migaud, pour ses déclarations contestant le laxisme de la justice, Éric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux précédent, ou Sandrine Rousseau qui s’était empressée de dénoncer la récupération politique par « l’extrême droite » de l’affaire.

A lire aussi, Gabriel Robin: Affaire Philippine: Comment le suspect Taha O. s’est-il retrouvé dans la nature?

La présidente de l’UNI Sciences-Po, dont les affiches rendant hommage à Philippine dans le hall de l’institut ont été arrachées par des adversaires politiques, est venue sur la tribune dénoncer « l’impunité que l’administration de Sciences po » réserve à ce type d’action.

Deux femmes venues de banlieue avec des pancartes maison sur lesquelles on peut lire « violeurs étrangers : dehors ».

Deux femmes, Nathalie et Nathalie, venues de banlieue, ont amené avec elle des pancartes maison virulentes sur lesquelles on peut lire : « Violeurs étrangers, dehors ». L’une assure : « Même dans ma maison de campagne au cœur de la Bretagne, on dispatche des migrants », et sa comparse de surenchérir sans s’embarrasser de nuances : « C’est proportionnel, plus on trouve de migrants, plus on trouve d’insécurité » estime-t-elle. Philippe, un professeur de musique dans un collège public d’Asnières, s’il regrette qu’une partie de ses collègues restent « aveuglés par leur engagement politique », constate toutefois une prise de conscience politique dans le monde enseignant.

Des témoignages de victimes

Au-delà des discours entendus, finalement assez politiques, le ton se voulait intimiste. Némésis a rappelé sa spécificité : c’est un collectif de femmes, de mères qui entendent protéger leurs filles, leurs sœurs, leurs amies. Aussi, des victimes ou membres de familles de victimes de violence, invités par le collectif, sont venus au micro pour raconter des récits souvent poignants. Claire Géromini dit « comparer son histoire à celle de Philippine » ; la jeune femme a été agressée le 11 novembre 2023 par un migrant centrafricain faisant aussi l’objet d’une OQTF. Elle raconte un viol brutal de trente minutes et les violences barbares dont elle a fait l’objet. Marius Larrivé, dont la grand-mère Berthe Picot, nonagénaire, a été violée par un clandestin sous OQFT, détaille les défaillances du système judiciaire. Il indique avoir dû laver lui-même la mare de sang dans laquelle avait été laissée sa grand-mère après avoir attendu en vain l’entreprise de nettoyage dépêchée par le tribunal. En adressant un message de fraternité et de sympathie à la famille de Philippine, les témoins insistent aussi sur la nécessité de « réparer les vies brisées » ; si l’heure n’était pas aux marches blanches, aux bougies, aux cœurs… le propos restait donc malgré tout empathique. Les discours ont d’ailleurs souvent été interrompus par les larmes des intervenants.

A la tribune, des membres de familles de victimes ont pu communiquer leur émotion.



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