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Le jeu des chaises musicales

L’épigramme de « Causeur » de septembre


Le jeu des chaises musicales
Cérémonie de passation de pouvoirs au Ministère de l"Économie entre Bruno Le Maire et Antoine Armand, Paris, 22 septembre 2024 © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Ignorantes des cris de ces femmes afghanes,
Qui, par les Talibans, sont sommées de se taire,
Les féministes en France exhument l’Abbé Pierre.
Homme d’Église, blanc, et surtout décédé,
La cible était trop belle pour la laisser passer.
Et de l’Inquisition rallumer le bûcher.

Dans l’art de la magie, Macron est passé maître :
Le bien des citoyens ne fait que disparaître.
Et dans ses mains expertes, façon grande illusion,
Parades olympiques, coûts de dissolution,
L’argent du contribuable s’évapore par millions.
Élaborons un mythe, et pourvu que l’Histoire,
Ne retienne que la gloire et non pas la faillite.

Relire l’épigramme précédent : Parenthèse (sécuritaire) enchantée

Après mille revirements, maintes consultations,
Michel Barnier s’annonce et entre à Matignon.
Non sorti du chapeau, mais bien de l’hospice,
C’est en Premier ministre qu’il reprend du service.
Ne faut-il que la France n’échappe au gauchisme,
Que pour mieux sombrer dans cet immobilisme ?

Force est de reconnaître que pour l’environnement,
La France, pour une fois, se place au premier rang.
Instaurant recyclage parmi les hautes sphères,
Que l’on est vertueux au sein des Ministères !
Suivant la boucle verte dont elle est haut symbole,
Chacun passe son siège, garde ses casseroles.

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Mais dans ce petit jeu des chaises musicales,
Quand la mélodie cesse, le silence est de mise,
C’est la France, hélas, qui finit sans assise.
Personne ne l’évoque, lors des passations.
Carrières personnelles, intimes ambitions,
Tous se gargarisent, se pavanent en lions.
N’a-t-on donc sacrifié toute forme de royauté,
Que pour mieux couronner l’individualité ?

Il nous faudrait si peu pour être dans le regret,
Pour son cercueil de plomb, envier Du Bellay.
De cet état lui-même ne mesure-t-il sa chance !
Quelques semaines plus tôt, dans sa si chère France,
On imagine sa peine, son effroi, sa stupeur.
De la langue française dont il fut défenseur,
Assister au supplice, si ce n’est au trépas.
Qu’aurait-il donc pensé d’Aya Nakamura ?
Aya, se trémoussant devant l’Académie,
Lui qui, né bien trop tôt, n’y fut jamais admis.

Prêtons donc attention au chef de Matignon.
Ainsi à ses ministres donne-t-il la leçon :
À tous il est d’usage de serrer la main,
Faites vœu de modestie, vantez vous à dessein,
Soyez irréprochables, exemplaires citoyens.
Si de telles évidences doivent être énoncées,
À notre élite française, à nos plus éduqués,
Le niveau des Français devrait-on redouter.
Si besoin est réel d’un tel apprentissage,
C’est à Anne Genetet qu’on souhaite bon courage.



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Entrepreneure et gérante de TPE

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