«L’impunité des juges, jusqu’à quand?», s’agace la droite dure, après la mort de Philippine, jeune femme retrouvée dans le Bois de Boulogne. Son meurtrier présumé, un immigré marocain, avait déjà été condamné, n’avait pas effectué toute sa peine de prison, et demeurait sur le territoire français. Sur le dossier des OQTF, après cet énième et terrible fait divers, Bruno Retailleau et Didier Migaud sont attendus au tournant. «C’est à nous, responsables publics, de refuser la fatalité et de faire évoluer notre arsenal juridique, pour protéger les Français. S’il faut changer les règles, changeons-les», a déclaré le premier.
Combien faudra-t-il encore de Philippine, de martyres de la barbarie locale ou d’importation pour qu’on en vienne enfin à légiférer sur la responsabilité de l’institution judiciaire en général et de certains juges en particulier, notamment dans ces cas gravissimes de récidive ?
Scandale à tiroirs
Philippine était jeune, belle, brillante, pleine de vie, sociable, bienveillante. De surcroît blanche et catholique. La proie idéale pour ces monstres, probablement. En vérité, l’écœurement est à son comble, tant le scénario d’épouvante est connu, qui se reproduit ad nauseam.
L’auteur présumé de la monstruosité : un migrant clandestin marocain âgé de 22 ans. Palmarès, un viol peu après son arrivée sur le sol français en 2019. Une étudiante de 19 ans – déjà!- agressée sur un chemin de la forêt de Taverny. Jugement, verdict : sept ans de prison. Sept ans seulement, dirais-je, pour la vie gâchée de cette jeune personne. Voilà bien un premier scandale.
Scandale à tiroirs, puisque le type n’effectue qu’une partie de sa peine. Donc, il sort. Pour de nouvelles balades en forêt ? Allons savoir.
Le 18 juin dernier, cinq ans après les faits – oui, cinq ans – une Obligation de Quitter le Territoire Français (l’une de ces OQTF, arlésiennes procédurales qui pourraient faire rire si l’affaire n’était si grave) est prononcée à son encontre. Dans l’attente de son expulsion, il est placé en Centre de Rétention Administrative (CRA).
Autre élément de scandale, un juge des libertés et de la détention prend la généreuse décision de le libérer. Sans doute considérait-il que la privation de possibles promenades bucoliques était une sanction trop sévère et surtout trop injuste pour ce garçon.
En n’attendant pas Baudot
On voit bien, hélas, le fonds idéologique qui préside à ce genre de décision: le migrant violeur est lui aussi victime, victime de la misère sexuelle dans laquelle le relègue cette horrible société d’oppression blanche et bourgeoise, raciste et post-esclavagiste, qui se fait honteusement tirer l’oreille pour l’accueillir avec tambour et trompette, voire tapis rouge. La doxa idéologique est là : le coupable n’est coupable que parce qu’il est d’abord victime. Cette doctrine effarante était clairement exprimée dans ce qu’on appelle la Harangue de Baudot, écrite en 1974, adressée à une centaine de magistrats frais émoulus de l’école de la magistrature de Bordeaux. « Soyez partiaux, prescrit ce texte de référence. Examinez toujours où sont le fort et le faible, qui ne se confondent pas nécessairement avec le délinquant et sa victime (…) Ayez un préjugé favorable pour la femme contre le mari, pour l’enfant contre le père, pour le débiteur contre le créancier, pour l’ouvrier contre le patron, pour le voleur contre la police »… De là à compléter la litanie en y ajoutant « du violeur contre la martyre », il n’y a sans doute, pour certains magistrats, qu’un pas ou deux à franchir.
Libre à eux, sans doute. Mais libre à la société d’exiger qu’ils aient à rendre des comptes. À l’image de tout citoyen de ce pays. Rendre des comptes, comme tout un chacun, dans les mêmes conditions d’égalité et d’impartialité. Droits de la défense compris, cela va de soi, puisque cela fait partie intégrante de nos principes de saine et honnête justice. Principes qui nous honorent, soit dit en passant.
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