« Violence d’un crime ! Atrocité d’un meurtre ! c’est l’assassinat qu’on assassine » : voilà près de deux cents ans que la critique unanime s’égosille devant ce tableau de Jacques Louis David représentant la mort de Marat. Les livres d’histoire prêtent aux douces mains de Charlotte Corday d’avoir perpétré cet acte de cruauté envers l’animal politique qu’était Marat.
Or, ni poignardé ni noyé dans son bain, l’ami du peuple serait mort des suites d’un tabagisme trop actif. C’est, du moins, ce qu’ont montré les historiens de l’art auditionnés par la commission parlementaire réunie l’an passé pour interdire de fumer dans les lieux publics.
Remarquez le paquet de Malborough, qui semble devoir bientôt tomber, comme si tout était figé au souffle de Marat qui est en train de le rendre. Fi des théories esthétiques et de la métaphysique de comptoir : Jacques Louis David ne peignait qu’à condition d’être subventionné par de très grandes marques. On remarquera également, négligemment posé sur le sol, un couteau suisse de la marque Rolex : on a beau être l’ami du peuple, on ne se refuse rien.
Jacques Louis David, Fumer nuit. Huile sur toile, 1794, conservée dans les réserves du musée de l’histoire du Cigare à Issy-les-Moulineaux. Ouvert le mardi et le vendredi de 10 h à 16 h. Sauf jours fériés.
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