Voici les ouvrages – tout à fait dispensables – que les lectrices s’arrachent cet automne
Beauvoir, Duras et Yourcenar m’ont construite. Née femme je leur dois d’être devenue une femme éprise de littérature, et surtout, de l’être restée. Je leur dois de m’avoir fait découvrir la Littérature éternelle, celle qui rend libre et se rit des assignations de genre, de classe ou de race ; cette littérature qu’on perd de vue, en cette époque de jérémiade généralisée où l’on n’écrit plus que pour glorifier la victime et témoigner – de préférence en étalant ses turpitudes – sur la place publique. J’ai aimé mes Marguerite parce qu’elles étaient des hommes comme les autres, des écrivains au même titre que Sartre, Montherlant, Flaubert, Gide ou Madame de La Fayette. J’ai retenu cette parole de l’une (Marguerite Duras), grande amoureuse : « Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup les aimer pour les aimer » et fait ma devise des mots écrits par l’autre, lus dans Les Yeux ouverts : « Ne comptez pas sur moi pour faire du particularisme de sexe. Je crois qu’une bonne femme vaut un homme bon ; qu’une femme intelligente vaut un homme intelligent. C’est une vérité simple. »
Ère lacrymale et victimaire
Des hommes et des femmes écrivaient, autrefois, avant la charge mentale, l’oppression patriarcale et la prédation, avant la misogynie banalisée et généralisée, avant la dysphorie de genre et la découverte des déterminismes sociaux. On écrivait et, bien. Mais ça, ça c’était avant qu’on entre en ère lacrymale et victimaire, avant que les néo-féministes, qui se foutent pas mal du talent, ne fassent main basse sur la littérature en exigeant que des écrivaines et autres auteresses sans plume soient reconnues.
