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Sébastien Delogu, le triomphe de l’échec…

LFI estime que son député est victime d'un "mépris de classe"


Sébastien Delogu, le triomphe de l’échec…
Le député LFI Sébastien Delogu sur Sud radio, 12 septembre 2024. DR.

Quand il ne multiplie pas les sorties douteuses ou ne se donne pas en spectacle avec un drapeau palestinien à l’Assemblée, le député LFI de Marseille Sébastien Delogu présente des difficultés en lecture et fait preuve d’une grande inculture historique. Mais, LFI se dit fière de la diversité de ses profils. « La politique n’est pas réservée à une élite ! » avance Manon Aubry. Ah bon ?


Au sein d’une effervescence politique, sociale et médiatique où les repères s’effacent et les boussoles se dérèglent, se dégagent quelques constantes révélatrices d’un changement profond. En France on a toujours connu, à l’exception de la période gaulliste où la compétence et le sens de l’État étaient des critères dominants, cet insupportable paradoxe où les échecs n’étaient jamais sanctionnés. Au contraire, ils étaient validés par des promotions que le commun des citoyens ne comprenait pas et qui offraient le grand avantage de laisser tranquille les élites réelles ou prétendues face à leurs erreurs ou, pire, leurs scandales. Depuis quelque temps est survenue une forme de perversion qu’on pourrait qualifier, dans beaucoup de domaines, de triomphe de l’échec. D’apothéose de la déconfiture. D’arrogance de la médiocrité.

À tout seigneur tout honneur, si j’ose dire. Quand on constate que le président de la République ose s’afficher comme garant du bon fonctionnement de nos institutions face au Premier ministre Michel Barnier, alors qu’il les a subverties et qu’à cause de lui la France se trouve dans un état de discrédit, il y a de l’abus. L’épisode choquant du remplacement de Thierry Breton, imposé par Ursula von der Leyen et sans réaction de la part du président, vient encore de le démontrer.

Il y a des épisodes mineurs qui enseignent sur ce plan également. Entendre une Manon Aubry soutenir qu’elle est fière de l’élection d’un député comme Sébastien Delogu, comme elle l’était hier de celle de Rachel Kéké, dépasse l’entendement. Comme si, par son élection, un député devenait forcément respectable et remarquable alors que, d’origine modeste ou non, il ne le devient que par la qualité de ses propos, de ses actions.

Pour ma part je ne supporte plus cette démagogie qui consiste à louer par principe ceux qui n’ont pas bénéficié de toutes les chances de la vie. C’est en fait du mépris, comme si on les estimait incapables de démontrer ce qu’ils valent vraiment. On les traite tels des êtres inférieurs auxquels il serait malséant d’appliquer les règles, les principes, les exigences nécessaires pour tous. Le triomphe de l’échec a mille facettes. Il est la conséquence d’une sorte de lassitude face à l’effort que l’excellence implique. Comme on n’en peut plus de cette tension quotidienne et épuisante pour atteindre le meilleur, on a décrété que le pire ne doit plus être un motif de discrimination, ni susciter un risque d’exclusion. Il s’agit d’un ajustement, d’une adaptation. Comme au fond on a abandonné la partie, on a décidé que la perdre était une aubaine, une solution. L’apothéose de la déconfiture, un peu partout, sur une multitude de registres, est l’éclat facile d’une France dérivant doucement, d’un monde qui s’abandonne.




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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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