Pour beaucoup de Français, le travail est un mal qui n’est plus nécessaire. Le culte de l’effort a laissé place à celui de la consommation, et l’État veille – à crédit – au « pouvoir d’achat » d’une nation qui produit de moins en moins. Ce modèle magique est au cœur de la crise française.
À entendre les commentateurs, la France n’a jamais été aussi fracturée idéologiquement. Les Français ne parlent plus le même langage. La comédie à laquelle on a assisté, avec une gauche qui, confondant « gagnant » et « premier », s’est autopersuadée qu’on lui avait volé la victoire, nourrit le sentiment vertigineux que les signifiants, affranchis de tout référent, ne signifient plus rien. Ainsi chaque bloc, comme on dit maintenant, peut-il bricoler son réel imaginaire dans son coin. Toutefois, ces réalités parallèles se rencontrent sur deux points, deux idées, ou plutôt deux croyances très largement partagées. Au point qu’elles réconcilient presque tous les journalistes, de CNews à France Inter.
Gouvernants et gouvernés
Premièrement, si la France va mal, c’est la faute à Macron. Pour une écrasante majorité des électeurs, y compris macronistes, le président est le premier responsable de l’impasse politique et du désastreux état du pays – et par association,
