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Absence pontificale

Le Pape ne sera pas présent à la réouverture de Notre Dame, il a décidé de snober Paris


Absence pontificale
Le Pape François dans son avion, 13 septembre 2024 © Guglielmo Mangiapane/AP/SIPA

Hier, à bord de l’avion qui le ramenait à Rome au terme de son périple en Asie, le pape a annoncé qu’il « n’irait pas à Paris » en décembre.


Ainsi, le pape François n’honorera pas de sa présence l’office solennel programmé pour la réouverture – la résurrection, devrais-je dire – de Notre-Dame de Paris, en décembre prochain. Pour l’heure, il ne donne aucune justification de cette absence qui, tout de même, a de quoi surprendre. N’osant imaginer que la cause en soit qu’il ait piscine ce jour-là, nous nous voyons contraints de chercher ailleurs le motif. Il semblerait bien que la France, notre France, celle qu’on dit être « la fille aînée de l’Église » n’ait pas l’heur de susciter l’enthousiasme de Sa Sainteté. On se souvient que lorsqu’elle était venue à Marseille, voilà quelques mois, elle avait cru judicieux de préciser que ce n’était pas en France qu’elle se rendait. Offense, certes, mais offense que les fidèles d’ici auront bien voulu pardonner, ainsi que cela est prescrit dans le Notre Père. Sans doute doivent-ils se préparer dès à présent à pardonner aussi le faux-bond de Notre Dame…

Notre Dame de Paris, fleuron majeur du christianisme occidental, se relève donc de ses centres et renaît à la vie. Or, peut-être est-ce bien là qu’il faut chercher la véritable raison du peu d’empressement que le pape montre à conférer à cette résurrection l’éclat, la solennité, le retentissement qu’elle mérite. En fait, il me semble que François, Jésuite argentin, s’affirmant tiers-mondiste depuis toujours, n’est pas, en général, un grand fan de l’Occident. Ses discours, ses sermons, ses prêches de par le monde, comme ces jours derniers à l’autre bout de la planète, regorgent d’exemples, d’indices, de marques de prévention. À l’évidence, son regard de chef spirituel se porte moins sur le foyer occidental de la foi que sur ses excroissances – justement – tiers-mondistes. Ce serait donc plutôt ailleurs qu’ici qu’il envisagerait l’avenir d’un christianisme dont nous autres ne serions que le vestige plus ou moins honteux, la rémanence historiquement condamnée d’une domination spirituelle gauchie de colonialisme.

Notre Dame ne représenterait ainsi, dans l’esprit du souverain pontife, que l’arrogant symbole d’un passé, non pas de ferveur exaltée, mais sournoisement  « suprématiste » ?

Est-ce que François – rejoignant en cela la conception politique d’un certain Mélenchon (connivence moins étrange qu’on pourrait le penser) – ne considérerait pas que sa mission cardinale, et à travers la sienne celle de l’Église de Rome, consisterait désormais à œuvrer pour une « créolisation » du christianisme ? On comprendrait mieux dès lors la défection de décembre. Une défection que, toute révérence gardée et en l’absence – pour l’instant- de toute justification convaincante, je m’autorise à regarder comme un camouflet.




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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernières parutions : "Marie Stuart: Reine tragique" coll. Poche Histoire, éditions Lanore. "Le Prince Assassiné – le duc d’Enghien", coll. Poche Histoire, éditions Lanore.

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