Ce qu’il y a de pénible avec notre Président, c’est qu’il aussi velléitaire sur la scène intérieure qu’hors de l’hexagone. L’affaire de la vente des BPC de classe Mistral à la Russie vient cruellement nous le rappeler. Pris entre l’atlantisme de Laurent Fabius et le pragmatisme de Le Drian, Hollande hésite. Encore et toujours. Depuis le début de l’année, c’est un ballet incessant de communiqués contradictoires sur la vente de ces navires de guerre. Selon le degré de la pression américaine ou russe, la girouette placée sur le toit de l’Elysée se tourne au gré des vents contraires.
Ainsi la France suspend jusqu’à novembre la livraison des BPC, laquelle devait avoir lieu… fin octobre- début novembre. Une concession en forme de trompe-l’œil, le temps du sommet otanien de Newport. Pour preuve, Hollande n’a pas tardé à préciser que la suspension annoncée était elle-même suspendue à l’hypothèse imminente d’un accord entre Kiev et Moscou. Accord dont on sait qu’ ils sont nombreux en Ukraine, mais rarement suivi d’effets. Pendant ce temps-là, les essais navals du Vladivostok se poursuivent à Saint-Nazaire. Et les travaux du Sébastopol avancent bon train. Drôle de suspension…
Avec quarante ans d’avance, De Gaulle avait anticipé la chute du mur de Berlin et la future Europe de l’Atlantique à l’Oural. Il avait conscience que le rôle historique de la France était de réconcilier la Russie avec l’Europe, voire l’Amérique. Une vision qui a souvent fait consensus en France. Des voix gaulliennes se sont d’ailleurs fait entendre, Henri Guaino et François Fillon notamment, pour s’élever contre cette énième pantalonnade. On aimerait qu’à gauche, celles de Chevènement, de Védrine et pourquoi pas de Montebourg s’expriment aussi.
Car ainsi fonctionne notre Président. Il va, il vient, il recule, il revient, comme suspendu au milieu des pressions politiques; si elle n’a pas de poids gaullo-réaliste sur son plateau gauche, la balance hollandaise va inexorablement pencher vers les partisans d’une confrontation avec la Russie. Pour le plus grand malheur de l’Europe.
*Photo : okano.
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