Le cosmopolitisme n’est pas un sport de combat. Il est réservé à une élite pétrie de culture, de courtoisie et de modestie. J’ignore si elle existe encore en France aujourd’hui, mais je suis certain que ce n’est pas chez Laurent Ruquier et ses complices du samedi soir qu’on la rencontrera. Non sans panache, Bernard-Henri Lévy a tenté, tout en faisant de manière un peu trop appuyée la promotion de son Hôtel Europe, d’incarner une forme de cosmopolitisme. Ce ne fut pas celle de Stefan Zweig hélas, mais celle d’un intellectuel français bouillonnant d’indignation et du désir d’en découdre. Pourquoi pas ? Mais de là à désigner Poutine comme une des figures du Mal universel, sans jamais oublier Marine Le Pen mieux localisée elle, le cosmopolitisme prenait des allures de conversation de bistrot un peu trop exaltée où tous les arguments sont bons pour l’emporter, y compris celui de l’avion de la Malaysian Airlines que même Obama a oublié, les experts privilégiant l’hypothèse d’une erreur (volontaire ?) d’un pilote ukrainien.
Bref, à ce niveau du débat, le cosmopolitisme avait disparu, lui aussi, des écrans radar pour laisser place à des affrontements politiques stériles….quand cessera-t-on de nous jeter au visage des enfants innocents tués par les uns ou les autres dans les bras de leur mère ? On en était là à la fin de l’émission quand Bernard-Henri Lévy, ayant abandonné sa posture d’intellectuel pro-européen et sa rhétorique antifasciste si bien rodée, se laissa gagner par l’émotion en évoquant les menaces qui pèsent sur les juifs de France. Enfin, un moment de vérité, me suis-je dit, tout en observant le visage d’Aymeric Caron, un végétarien qui retrouve un appétit féroce dès lors qu’ il est question d’Israël…
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