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L’ex de Mélenchon le trompe énormément

L'ancien travailliste essaie de se relancer avec une alliance pro-Gaza au parlement britannique


L’ex de Mélenchon le trompe énormément
Jeremy Corbyn manifestant à Londres, 18 mai 2024 © SOPA Images/SIPA

L’ancien chef du parti travailliste, Jeremy Corbyn, s’est associé à quatre députés indépendants pro-Gaza pour former une nouvelle alliance au parlement britannique.


« Dis-moi pour qui tu aimes voter, je te dirai qui tu hais ». Cette formule est aussi valable en français qu’en espagnol (du Venezuela) et en anglais.

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Jeremy Corbyn n’est pas devenu un pipole de notre côté de la Manche seulement grâce à son amitié particulière avec Mélenchon. « On commence tout juste notre histoire avec Corbyn[1]» avaitdéclaré l’islamo-gauchiste hexagonal en chef, en novembre 2018.

Corbyn est paru en Une dans quelques médias français, quand il était à la tête du Labour Party, le parti travailliste. Mais il a poussé le bouchon de l’antisémitisme si fort au fond du flacon d’élixir que cela a fait sauter le parti tout entier.

À l’inverse, les Français peuvent être fiers de leur corbyneau hexagonal : alors qu’il était donné sub-claquant par les sondeurs d’âmes et de cœurs populaires, not’Jean-Luc a séduit les populistes germanopratins par sa présentation palestinolâtre du monde. Il les a conduits à voter avec enthousiasme pour une coalition de bric, de broc et d’anti-israélisme.

C’est ainsi que le sous-marin de l’islamisme français est remonté à la surface aussi vite qu’un suppositoire en marche arrière.

Le ciment le plus solide de son nouveau Bas-du-Front populaire était la haine d’Israël : on ne change pas une équipe qui gagne. Mais il n’a pas résisté aux divergences concernant tous les autres sujets. Macron comptait là-dessus : on n’apprend pas à un vieux Machiavel à faire des grises masses ce qu’il veut ! Le résultat, c’est que deux mois après le deuxième tour qui a porté les espoirs mélanchoniens au zénith, le Premier ministre désigné par le roi Louie-Emmanuel[2] est un second couteau qui ne lui fera pas d’ombre : Michel Barnier a été député, puis commissaire européen à la politique régionale de 1999 à 2014. Ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Raffarin, puis de l’Agriculture et de la Pêche sous Nicolas Sarkozy, il a toutes les qualités requises : l’européanisme béat et le dos rond-de-cuir.

Corbyn est une punaise de lit : on le met à la porte, il rentre par la fenêtre

La tentative de « ses amis du Hamas et du Hezbollah[3]» pour lui sauver la mise n’avait pas mieux réussi que celle de son alter ego, invoquant le célafautojuifs, en Mélenchon dans le texte : « il a dû subir sans secours la grossière accusation d’antisémitisme à travers le grand rabbin d’Angleterre et les divers réseaux d’influence du Likoud [4]».

Corbyn est quand même toujours député à Islington North. Il a juste changé d’étiquette en 2020. Du 9 juin 1983 au 29 octobre 2020, c’était avec le label travailliste[5]. Mais se retrouver simple député quand on a été le leader charismatique d’un parti pendant cinq ans (12 septembre 2015-4 avril 2020), ça vous laisse un goût de nostalgie.

Alors Corbyn a repris la stratégie de Pepito su corazon[6] : il s’est allié avec quatre autres élus indépendants, Shockat Adam, Ayoub Khan, Adnan Hussain et Iqbal Mohamed, qui militent sur des plateformes pro-palestiniennes. Sans surprise, leur « Alliance indépendante » a vocation à obtenir un embargo sur les armes à destination d’Israël et elle cherche à recruter des alliés au Labour Party, qui n’a pas été purgé de tous ses antisémites, malgré l’action du nouveau boss, devenu depuis Premier ministre, Keir Starmer.

On dit de Starmer qu’il est sioniste, mais il est surtout mou. On ne parle pas de sa vie sexuelle, seulement de son engagement vis-à-vis d’Israël. Lorsque David Lammy, le secrétaire d’État travailliste, a succombé à son tropisme palestinien et imposé un embargo sur les armes à destination de l’État juif[7], au moment où celui-ci est menacé sur tous les fronts par les islamistes, Starmer n’a pas discuté. Au contraire, il a défendu l’embargo, le qualifiant de « décision juridique, pas politique ». C’est pourquoi il ne le considère pas comme un changement dans le soutien du Royaume-Uni au droit d’Israël à l’autodéfense.

L’Angleterre a quitté l’Union européenne, mais les liens sont encore forts entre nos deux pays : la nouvelle Alliance indépendante british a beaucoup en commun avec la France Insoumise-à-la-démocratie et il y a du Macron dans le management chèvre-et-en-même-temps-chou de Keir Starmer.


[1] https://mabatim.info/2019/12/15/melenchon-fait-son-coming-out/

[2] Vidéo : www.youtube.com/watch?v=JtIXCCEvFEM

[3] https://fr.timesofisrael.com/cameron-exige-que-corbyn-renonce-a-ses-amis-le-hamas-et-le-hezbollah/

[4] www.i24news.tv/fr/actu/france/1576257720-gb-elections-defaite-de-corbyn-a-cause-du-likoud-selon-jean-luc-melenchon

[5] https://members.parliament.uk/member/185/career

[6] Les deux compères échangent en espagnol, car Mélenchon n’a pas voulu apprendre la langue des gringos. – https://www.liberation.fr/planete/2018/09/24/jean-luc-melenchon-avec-corbyn-c-est-le-debut-de-notre-histoire_1680944/

[7] www.standard.co.uk/news/politics/israel-keir-starmer-house-of-commons-prime-minister-benjamin-netanyahu-b1180036.html




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essayiste, conférencière, traductrice, auteur de plus de 30 ouvrages, dont plusieurs sur les conflits du Moyen-Orient

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