Habitué aux joutes médiatiques, hier comme dirigeant communiste, aujourd’hui comme chroniqueur politique, Olivier a des tripes et du cœur quand il s’agit de défendre ses idées. «J’aime qu’on me contredise!» pourrait être sa devise.
Et de deux. Le bouclage du précédent numéro de Causeur a eu lieu entre les deux tours – donc avant les résultats – des élections législatives. Pour cette rentrée, je vous écris sans savoir qui sera nommé à Matignon par Emmanuel Macron. Dissolution, pas de clarification, puis cette procrastination élyséenne qui a obtenu un record, celui de la longévité d’un gouvernement démissionnaire. Mieux que les trente-huit jours qui se sont écoulés entre le cabinet René Mayer et celui de Joseph Laniel en mai-juin 1953 ! Alors que le premier message des urnes a exprimé l’aspiration à un vrai changement, le président Macron est en marche sur les pas d’Edgar Faure (« Voici que s’avance l’immobilisme et nous ne savons pas comment l’arrêter. ») et d’Henri Queuille (« Il n’est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout. »). Décidément, sous ses faux airs de modernité, le macronisme est un succédané de la IVe République.
Nous vivons le temps du retour du Parlement. Tant mieux ! C’est pourquoi Emmanuel Macron devrait d’abord nommer à Matignon la représentante du Nouveau Front populaire, coalition arrivée en tête le 7 juillet. Son gouvernement pourrait être aussitôt censuré par une majorité à l’Assemblée nationale, mais cela se déciderait précisément au Palais-Bourbon, non à l’Élysée. Le pays profond détourne son regard et se dit que, décidément, « rien ne change ».
C’est ce même pays qui s’est enthousiasmé pour les Jeux olympiques, qui s’est pris au jeu. Et pourtant, il n’a pas manqué de voix tonitruantes, politiques et médiatiques, pour nous dire que nous allions à coup sûr au désastre, que la France allait connaître une véritable humiliation, qu’il n’y aurait pas de public dans une capitale grillagée et désertée. Jusqu’à la toute fin, alors que nous apprenions que Léon Marchand ne serait pas l’un des deux porte-drapeau tricolores pour la cérémonie de clôture, j’ai pu lire : « Que cache cette élimination pour d’obscures raisons non avouables ? » Puis l’athlète aux ondulations de dauphin, héros de ces superbes olympiades, est apparu à l’écran pour ouvrir cette cérémonie. Il avait rendez-vous avec la vasque-montgolfière dans le jardin des Tuileries. Beauté.
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C’est ce même pays qui pleure la disparition d’Alain Delon, la dernière étoile cinématographique. « Nul ne guérit de son enfance », disait Ferrat. Delon en a fait Tancrède, Roger Sartet, Jef Costello, Rocco Parondi, Roch Siffredi, Robert Klein, Choucas, Verlot, Xav, Niox, Pierre Larcher et tant d’autres personnages…
Je n’aime pas les injonctions. Notamment celles qui consistent à nous dire ce qu’il faut aimer, ce qu’il convient de détester, et nous somment d’appartenir à une majorité, relative ou absolue, en matière artistique ou sur le terrain des idées. Mais j’avoue ne pas bien comprendre comment ces deux moments français, la ferveur populaire pour les JO, ce patriotisme joyeux, puis cette tristesse, cette douce nostalgie, quand Delon s’en est allé rejoindre ses parents (et Gabin !) ne peuvent pas nous réunir. Et de trois ? On bouclera certainement encore le mois prochain dans des conditions incertaines. Faisons confiance aux événements, ils ne manqueront pas de se produire.