Pyongyang se lasse des tracts et clés USB pleines de propagande, envoyés par des militants sud-coréens par-delà la frontière. Si la Corée du Sud «procède simultanément à la dispersion de tracts et à la diffusion par haut-parleur de provocations au-delà de la frontière, le pays sera sans aucun doute témoin d’une nouvelle riposte», a menacé Kim Yo-jong, porte-parole de la Corée du Nord et sœur du dictateur Kim Jong-un, dont le régime s’illustre de son côté par l’envoi de ballons garnis de mégots de cigarettes, de papier hygiénique ou d’excréments d’animaux chez son voisin.
Au mois de juillet, un communiqué de l’état-major interarmées sud-coréen informait les populations que des ballons expédiés de la Corée du Nord venaient d’atteindre le complexe présidentiel, à Séoul. Que transportaient ces ballons ennemis ? Rien d’autre que des déchets, des ordures.
PQ contre K-Pop
Ce n’était pas la première fois que de semblables cadeaux tombaient du ciel, mais jamais encore la présidence n’avait été menacée d’aussi près. Immédiatement, des équipes spécialisées dans la détection et le traitement de substances chimiques ont été dépêchées et des messages ont été diffusés en boucle dissuadant les habitants de toucher ces cochonneries. Pourquoi l’envoi d’ordures et pas d’autre chose ? Dans la logique de Pyongyang, il s’agirait d’une espèce de réponse du berger à la bergère, des militants sud-coréens n’ayant de cesse de faire passer au Nord des éléments de propagande, notamment des enregistrements de ces musiques et chorégraphies K.pop qui font fureur, paraît-il, dans le monde entier et qui, pour la dictature communiste pure et dure du jovial Kim Jong-un ne sont évidemment que le pire des ordures produites par le monde capitaliste. Ordures contre ordures, en quelque sorte.
A lire aussi: Mais qui est ce Kennedy qui roule pour Trump?
Une once d’humour dans les relations envenimées entre les deux parties, serait-on tenté de croire.
Défense de rire
Vu d’ici, hors de portée olfactive, ce pourrait être drôle. À ceci près que cette manière nouvelle de procéder au traitement des déchets n’a fait qu’envenimer davantage une situation qui n’en avait nul besoin. Le Sud a aussitôt intensifié la diffusion de sa propagande au Nord, suspendu l’accord militaire de décrispation qui, vaille que vaille, avait fini par s’imposer, et repris les exercices à balles réelles en limite de la zone démilitarisée séparant les deux pays. Quant au Nord, il s’est empressé de pointer sur l’ennemi deux-cent cinquante nouveaux missiles balistiques. Ces ordures high tech des temps modernes et des bellicistes compulsifs.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !