Trois ans après leur retour au pouvoir, les talibans promulguent une nouvelle loi pour « promouvoir la vertu » et interdisent notamment aux femmes de chanter en public.
C’est le chœur tragiquement silencieux des femmes afghanes. Ces femmes désormais condamnées au silence. C’est le chœur des esclaves asservies par les talibans, mâles fanatiques, débiles, perdus d’âme et d’esprit, coupables d’abyssales folies mystiques, dont la plus pernicieuse de toutes : enchaîner la divinité à leur propre délire.
Ils interdisent désormais aux femmes – leurs mères, leurs épouses, leur sœurs, leurs filles – de faire entendre le son de leur voix en public. Ailleurs donc que dans la sphère carcérale du logis. Un pas de plus – un pas de trop ? – dans l’effroyable entreprise de négation de la femme en tant qu’être, en tant que personne, en tant que membre à part entière de l’humanité.
Que serait un monde où l’on n’entendrait plus la musique de la voix féminine ? Un asile immonde à peu près aussi peu vivable que celui dont on aurait éradiqué le chant des oiseaux.
Avec cet interdit, un stade suprême est atteint dans le registre de la barbarie. On se demande quel prodige nihiliste rend possible la conception et la mise en acte d’une telle haine. Haine qui, au fond, n’est sans doute que la réponse pitoyable à une peur viscérale, névrotique, psychotique de la femme, l’inaccessible femme, la femme nimbée de mystère. La femme dont tout mâle sent bien de quelle force d’âme elle est riche.
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Mais qu’importe le diagnostic face à la monstruosité du fait.
Cette fois plus que jamais, il ne faudrait pas que seul le silence de la lâcheté occidentale réponde au silence de la barbarie. Oui, cette fois plus que jamais, on attend que les femmes d’ici, les femmes musulmanes en premier, évidemment, mais aussi toutes les autres (Parmi elles les féministes d’estrade, enfin! Se déroberont-elles comme si souvent ?), descendent par milliers, par millions dans la rue et fassent entendre leur voix ! Qu’elles chantent assez fort pour que, là-bas, à Kaboul et partout où c’est nécessaire, résonne le chœur des femmes libres…
Ou alors faudra-t-il attendre l’étape suivante dans l’escalade monstrueuse, à savoir couper la langue des petites filles dès le berceau pour être bien certain qu’on n’aura pas à affronter la peur d’entendre leur voix ? Tout comme, ailleurs, sous d’autres cieux et d’autres mœurs qu’on voudrait parfois nous présenter comme aussi dignes de respect que les nôtres, on excise les fillettes pour les priver du bonheur de jouir. Les priver de voix, les priver de plaisir. Autrement dit, réduire la femme à un objet, à une chose tout juste bonne à servir le mâle et à mettre bas. Qu’on n’aille pas se raconter d’histoires. Au point où nous en sommes, l’enjeu, pas si loin de chez nous, est bel et bien celui-là.
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