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La Grande-Motte: et soudain, Gérald Darmanin a remis sa cravate

L'attentat de samedi survient dans un contexte de montée très forte de l'antisémitisme en France


La Grande-Motte: et soudain, Gérald Darmanin a remis sa cravate
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur France 2, 25 août 2024. DR.

L’attentat de samedi à la Grande-Motte, dont le caractère islamiste et antisémite ne fait pas de doute, n’a heureusement pas fait de victime. Certains éditorialistes comme Laurent Joffrin ou Yves Thréard, et certains politiques comme le ministre de l’Intérieur, se risquent aujourd’hui à faire un lien entre l’islamo-gauchisme prêté à l’extrême gauche et les passages à l’acte antisémites.


Devant la gravité des évènements, le ministre de l’Intérieur a ressorti la cravate ! Finies les galéjades un peu démagogiques sur le mode « je ne mets plus de cravate, le petit peuple n’aime pas cette distance entre les élites et lui ». L’heure est grave : le terrorisme islamiste frappe de nouveau en France, et il ne faudrait pas faire une faute de goût.

Grande peur à la Grande-Motte

Samedi 24 août, un homme de nationalité algérienne âgé de 33 ans, en situation régulière sur le territoire national, a incendié deux véhicules dans l’enceinte de la synagogue Beth-Yaacov, à La Grande-Motte (34). Il a également provoqué l’explosion d’une bouteille de gaz, et blessé un policier municipal​. L’enquête commence. Des images de vidéosurveillance le montrent quittant les lieux de l’incident, keffieh sur la tête et drapeau palestinien autour de la taille, portant ce qui semble être des bouteilles d’eau minérale dans les mains. Le soir, le suspect a été arrêté à Nîmes (30) dans la cité de Pissevin, gangrénée par le trafic de drogue, après un échange de tirs avec la police. Lors de cette confrontation, il a été blessé au visage et est depuis hospitalisé, mais ses jours ne sont pas en danger​.

La police n’a pas pu encore l’interroger, mais deux autres personnes de son entourage ont été placées en garde à vue après son interpellation​. Alors que la cité balnéaire de l’Hérault est stupéfaite et inquiète, et que la communauté juive nationale est saisie d’effroi, le Parquet national antiterroriste a ouvert une enquête pour tentative d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste, destructions par moyen dangereux en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d’atteintes aux personnes.

Mais, ailleurs en France, il faut bien reconnaitre que ce n’est pas franchement l’effroi. Heureusement, il n’y a pas eu de morts, observe-t-on. Ouf ! il n’était pas fiché S et même pas clandestin, se rassure-t-on. Les Français auront-ils à regretter demain de ne pas d’avantage s’émouvoir des périls qui menacent en permanence leurs concitoyens de confession juive et poussent même certains à l’émigration ? On peut le craindre.

Une montée inquiétante de l’antisémitisme

Depuis les tueries de Mohammed Merah, et singulièrement depuis les attaques terroristes du Hamas en Israël le 7 octobre, nos compatriotes juifs voient les violences qui s’abattent sur eux augmenter. L’attentat de samedi intervient dans un contexte de tension extrême au Proche-Orient, laquelle a pour conséquence de les voir pris pour cibles par beaucoup d’adversaires d’Israël. Quant à l’extrême gauche, elle met sans arrêt de l’huile sur le feu. Pourtant, nos compatriotes juifs ne sont en rien comptables de la politique du gouvernement israélien – faut-il encore le rappeler ?

Le ministère de l’Intérieur recense déjà 1114 faits antisémites en 2024. 42% concernent des atteintes aux biens, et 58% des attaques aux personnes. Sur les six premiers mois de l’année, les actes antisémites sont en hausse de 73% par rapport à l’année dernière dans l’hexagone. L’année 2023 comptabilisait un total de 1676 actes antisémites commis ; le double par rapport à il y a dix ans.

L’historique des attaques antisémites depuis le 7 octobre est éloquent : le 1er mars, à Paris, Marco, un sexagénaire, a été roué de coups par un Guadeloupéen de 31 ans dans le 20e arrondissement. Il sortait d’une synagogue et portait une kippa. Le 17 mai, un individu armé d’un couteau et d’une barre de fer incendie la synagogue de Rouen (76) avant de s’en prendre aux policiers. Le 15 juin, à Courbevoie (92), une collégienne juive de 12 ans a été injuriée, menacée de mort puis violée par trois autres mineurs. Non loin de là, le 22 juin, six jeunes juifs ont été pris à partie, battus et injuriés dans le centre commercial So Ouest de Levallois-Perret (92). Le 1er juillet, des écoliers étaient à leur tour injuriés et menacés à proximité de leur école élémentaire à Nice (06). Le surveillant qui les accompagnait recevait des coups au visage. Le 6 août, à Montpellier (34), un passager était violemment agressé dans le tramway. Le 14 août, dans le métro parisien, un homme crachait sur une jeune fille et traitait sa famille de « bâtards, salauds » et de « youpins »

Recherche de coupables

« Nous avons échappé à un drame absolu » a déclaré, samedi, le Premier ministre Gabriel Attal, dépêché dans l’Hérault. L’assaillant de la Grande Motte avait semble-t-il une hache, et il se pourrait que le sinistre individu ait en fait raté son action, laquelle semble ne pas du tout relever du coup de folie et avoir été bien préméditée. Le terroriste pourrait s’être trompé sur les horaires de l’office, et avoir prévu de s’en prendre physiquement aux personnes présentes… On aurait ainsi échappé à une véritable hécatombe, selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui a expliqué à la télévision dimanche soir que le suspect attendait la sortie des personnes présentes dans l’édifice religieux avec sa hache, mais que l’intervention rapide des gendarmes l’avait heureusement fait fuir.

Si la classe politique a heureusement unanimement condamné les faits, le débat s’est rapidement porté sur ce contexte particulier de montée de l’antisémitisme dans lequel est survenue l’attaque.

 « Ce qui s’est passé ici choque et scandalise tous les républicains de notre pays. Une fois encore, des Français juifs ont été attaqués en raison de leur croyance et cela nous révolte et nous indigne. Tous ensemble, par-delà les clivages politiques, nous devons nous mobiliser et nous dresser contre ces actes, être intraitables » a martelé le Premier ministre démissionnaire. « S’en prendre à un Français juif, c’est s’en prendre à tous les Français »​ a-t-il ajouté. « Pensées pour les fidèles de la synagogue de La Grande-Motte et tous les juifs de notre pays. (…) La lutte contre l’antisémitisme est un combat de chaque instant, celui de la nation unie », a écrit Emmanuel Macron sur Twitter. Il est notable de constater que dans ses premières réactions, l’exécutif n’évoque pas l’islamisme, alors que le suspect portait pourtant keffieh et drapeau palestinien lorsqu’il a commis ses méfaits… Marine Le Pen a de son côté déclaré que « tout doit être fait pour protéger nos compatriotes de confession juive, pris pour cible tous les jours en France. Je leur adresse tout mon soutien et ma solidarité. » Jean-Luc Mélenchon, lui, a dénoncé un « incendie criminel contre la synagogue de La Grande-Motte », un « intolérable crime », avant d’adresser ses « pensées pour les fidèles et les croyants ainsi agressés ». Semblant ménager la partie antisémite de son électorat, il n’évoque évidemment ni l’islamisme ni l’antisémitisme de l’attaque, qui semblent pourtant immédiatement évidents pour tout le monde. Et en parlant de « fidèles », l’extrême gauche semble avoir pour objectif de tracer un signe égal entre antisémitisme et « islamophobie », et évidemment de nier la dimension raciste contenue dans la haine antijuive des terroristes pro-palestiniens. Interrogée hier sur RTL, son alliée dans le Nouveau Front populaire, Marine Tondelier, a reproché l’ambiguïté du vieux chef de l’extrême gauche. « C’est plus clair quand on le fait (de qualifier l’acte d’antisémite) et sûrement faut-il toujours le faire pour qu’il n’y ait plus aucune ambiguïté. Il y a eu beaucoup d’actes antisémites ces derniers mois et sur certains, le mot “antisémitisme” est à poser très clairement. Quand quelqu’un pose une bombe dans une synagogue, il n’y a aucun débat à avoir sur le caractère antisémite », a sermonné la chef des écolos. On apprécie ce pas de côté, mais au bout d’un moment, championne, il serait peut-être plus clair de couper les ponts avec un tel allié dont l’islamo-gauchisme des troupes est désormais tellement documenté !

« Il y a des discours politiques haineux envers les juifs de France et il faut le dénoncer. On voit bien qu’une partie de la gauche, malheureusement, tient ce discours d’encouragement de haine envers nos compatriotes juifs », a estimé le ministre de l’Intérieur lors de son intervention télévisée hier soir. Dans la presse non plus, certains ne s’embarrassent plus à prendre de gants, et chargent l’extrême gauche. L’éditorialiste Laurent Joffrin a ainsi dénoncé ce week-end un « air du temps antisémite », et estimé que l’extrême-gauche portait sa part de responsabilité1. « En adhérant sans ambages aux thèses décoloniales, en passant des alliances tactiques avec tel ou tel groupe proche des islamistes, elle a rangé les Juifs dans la catégorie honnie des « dominants » et l’État d’Israël dans celle des nations coloniales » écrit le journaliste. Pourtant, parler d’impérialisme concernant Israël, quand on voit la taille du tout petit Etat hébreu, isolé, et entouré par un océan de pays musulmans, de l’Afrique à l’Asie, sur un planisphère, c’est tout de même ironique ! « Certes il s’agit de mots et non d’actes. Mais ces mots fournissent un cadre idéologique à la fois cohérent et pervers à la haine antijuive », estime M. Joffrin. Yves Thréard a estimé de son côté dans Le Figaro, que « sous couvert d’antisionisme, [Jean-Luc Mélenchon] porte une immense responsabilité dans la montée des périls », a observé que le leader des Insoumis était incapable d’employer le mot «  juif » pour déplorer l’incendie criminel de La Grande-Motte, a rappelé qu’il avait par le passé qualifié l’antisémitisme en France de « résiduel » et voyait avec sa clique insoumise dans le Hamas un simple mouvement de « résistance »2

Des questions gênantes

Au-delà de ces polémiques politiciennes autour de l’islamo-gauchisme de la France insoumise, des questions que personne n’ose vraiment poser restent en suspens. Et sauf à apporter la preuve que l’assaillant de la Grande-Motte avait sa carte de militant à LFI, il faudrait peut-être se pencher sur ces dernières, plutôt que d’accuser un peu facilement les complaisances du mouvement de Jean-Luc Mélenchon de tous nos maux.

Si l’individu était inconnu des services de renseignements, il était semble-t-il connu des services de police pour usage de stupéfiants et délits routiers. Pourquoi la France accepte-t-elle toujours ce type d’individus sur son sol ? Le ministre de l’Intérieur a révélé que le suspect prévenu était arrivé en France en 2016, et que grâce à sa nouvelle loi immigration, on aurait pu expulser ce genre de ressortissant étranger s’étant rendu coupable de délits sur notre sol. Pourquoi ne l’a-t-il pas été ?

L’individu incriminé est de nationalité algérienne. Il sera intéressant aussi de voir ce que les autorités françaises disent à l’Algérie, ou ce que nos amis algériens racontent autour de cette affaire. Car au-delà de l’antisémitisme, il s’agit bien là d’un attentat commis par un Algérien sur le sol français, ce qui n’est pas de nature à améliorer les relations diplomatiques déjà mal en point des deux côtés de la mer Méditerranée. L’absence de victimes exonère les chancelleries étrangères d’avoir à formuler des messages de condoléances ou de soutien au peuple français, certes. En France comme à l’étranger, on semble s’habituer à ce que l’islamisme nous frappe ces dernières années… Une terrible habitude, malheureusement.

Le prévenu était sur notre sol malgré des délits, car il aurait eu un enfant en France. Une règle qui devrait de nouveau ulcérer tous ceux qui dénoncent une invasion migratoire du pays en provenance d’Afrique et du Maghreb. Dans l’Hérault, à l’exception de Montpellier et de Lunel, la droite nationale a fait un carton dans toutes les circonscriptions aux dernières législatives. Plus au sud, les grandes villes de Perpignan et de Béziers lui sont acquises. L’islamisation du territoire n’est pas pour rien dans ces résultats électoraux. Et en toute logique, la droite nationale pourrait ne pas tarder à s’emparer de nouveau des sujets sensibles entourant l’immigration maghrébine. L’inactivité (on parle de 40%) ou la proportion dans la délinquance ou dans nos prisons des Algériens ou des citoyens ayant là-bas des origines sont des sujets que la terrible affaire de la Grande-Motte pourrait une nouvelle fois soulever.

Les éditorialistes du Monde ou de France inter auront beau nous reparler de « parenthèse enchantée » cette semaine, reste que les Jeux paralympiques vont s’ouvrir dans un pays où une synagogue a été incendiée. Drôle d’ambiance… En Allemagne, après la terrible attaque terroriste de Solingen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), perpétrée par un Syrien et revendiquée par l’Etat islamique, le gouvernement réfléchit à restreindre le port de couteaux dans l’espace public… En France, alors que l’islamisme d’atmosphère devient étouffant dans de nombreux quartiers, on n’ose jamais vraiment regarder en face l’antisémitisme très répandu dans les pays maghrébins, et sa diffusion dans notre population via l’immigration… Etude après étude, les études de l’IFOP démontrent pourtant que non contents de contester certains fondamentaux républicains, près de la moitié de nos compatriotes musulmans souscrit aux clichés antisémites.


  1. https://lejournal.info/article/un-air-du-temps-antisemite/ ↩︎
  2. https://www.lefigaro.fr/vox/societe/face-a-l-islamisme-radical-et-a-l-islamo-gauchisme-ne-baissons-jamais-la-garde-20240825 ↩︎




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Rédacteur en chef du site Causeur.fr

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