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Portrait du bourgeois progressiste

De nouvelles puissances vont profiter de la faiblesse qui est au cœur du rêve irénique occidental


Portrait du bourgeois progressiste
Des collectifs féministes à une manifestation contre l'extrême droite, le 23 juin 2024 à Paris © JEANNE ACCORSINI/SIPA


Les rêves universalistes de notre bourgeoisie progressiste sont voués à l’échec. Ni les pays non-occidentaux, ni les minorités communautaires en Europe ne sont ouverts aux leçons de tolérance et d’égalité qu’elle prêche avec tant d’hypocrisie. Et pendant ce temps, les identités nationales auxquelles tiennent les classes populaires s’effritent sous la double action de l’immigration massive non contrôlée et de la propagande idéologique. Tribune de Charles Rojzman.


La bourgeoisie progressiste a adopté les valeurs de tolérance et d’ouverture à l’autre de ses ancêtres des Lumières. Elle a en horreur tous les extrémismes. Elle ne perçoit le danger des guerres que lorsqu’il est accompagné d’agressivité et de violence qu’elle attribue à des individualités (Khadafi, Saddam Hussein, Milosevic, Poutine…) et non à des masses. Elle bénéficie, avec l’immigration, d’une domesticité exotique et mal rémunérée. Elle a des contacts civils et agréables avec des pairs de toutes origines et de toutes couleurs. Elle voit dans le rejet des étrangers des milieux populaires un racisme qu’elle réprouve. Héritière des valeurs du XVIIIe siècle et de la maçonnerie, elle rêve d’un monde régi par la raison et l’intérêt bien compris et se méfie des passions populaires identitaires qu’elle imagine, à tort ou à raison, pouvant conduire au chaos ou à la guerre civile. Ce faisant, elle méconnaît l’importance de l’identité pour donner du sens, particulièrement dans une période caractérisée par la peur d’un futur incertain.

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Sa mise en avant des vertus de tolérance l’amène à considérer avec bienveillance les identités étrangères sans voir le danger qu’elles représentent pour l’identité nationale. D’ailleurs, sa passion pour la raison universelle lui fait croire que le monde lui ressemble dans cette vision universaliste, et elle croit que les idéaux occidentaux seront portés un jour ou l’autre par toute humanité, méconnaissant l’importance des émotions et des passions qui, pour elle, sont la survivance d’une âme primitive. S’identifiant au camp du bien, elle milite pour le rêve d’une immigration raisonnée, pour un développement durable, pour l’écologie sans s’apercevoir que ses luttes ne sont pas partagées par les milieux populaires qui souffrent des conséquences de la globalisation qu’elle met en œuvre. Elle ne voit pas que de nouvelles puissances sont aux aguets, avec leurs propres volontés hégémoniques et impérialistes et vont profiter de cette faiblesse qui est au cœur du rêve irénique occidental, d’autant plus qu’elles connaissent les corruptions et les vices que cache cet idéalisme proclamé.



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Essayiste et fondateur d'une approche et d'une école de psychologie politique clinique, " la Thérapie sociale", exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.

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