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Les filles de la plage

Pour une définition scientifique du film de plage réussi


Les filles de la plage
"Noyade interdite" avec Philippe Noiret, Gabrielle Lazurée et Anne Roussel NANA PRODUCTIONS/SIPA

Notre chroniqueur ouvre ses boîtes à souvenirs durant tout l’été. Livre, film, pièce de théâtre, BD, disque, objet, il nous fait partager ses coups de cœur « dissidents ». Aujourd’hui, il a choisi de nous parler des films de plage, des pécasseries à Rohmer, de Michel Lang aux sous-doués, pour finalement n’en retenir qu’un seul, « Noyade interdite » de Pierre Granier-Deferre tourné à Saint-Palais-sur-Mer et sorti en 1987.


Chers lecteurs, vous connaissez mon tropisme balnéaire cinématographique. Ne suis-je pas le dernier chroniqueur de la place, inconscient et totalement insensible aux déconstructions à la manœuvre à continuer de vous parler d’Aldo, de Francis Perrin, de Katia Tchenko et d’Olivia Dutron ? De braver ainsi les ligues de vertu et les rabroueurs assermentés. Seul, j’ai résisté à toutes les tentatives d’un cinéma d’auteur à base de terrils du Nord, de famille fragmentée et d’identités complexes. Seul, je suis resté sur ma ligne, tel le dernier des mohicans, à prôner le string joyeux, la musique disco sous UV, la carte postale érotique et le rire potache. On m’a traité de réactionnaire puéril, d’attardé estival et de baigneur fou. On m’a déconsidéré dans les cercles car j’ai avoué mon admiration pour la carrière d’Edwige Fenech et mon inconditionnel amour à Michel Robin et Martine Sarcey. On m’a fait comprendre que le cinéma-bronzette de Pécas était indigne de nos temps incertains où planent des menaces systémiques. L’heure serait à la retenue. Il est temps que je m’intéresse aux problèmes sociétaux de notre pays, que je fasse mon auto-critique et que je goûte enfin aux délices d’un film plombant et chouinant à souhait. Que j’arrête de tout ramener à la 7ème Compagnie et que si un jour, j’avais l’intention de briguer la présidence du CNL, il faudrait que je cesse sur le champ de dire : « Il nage bien le chef ! » afin de dégeler le climat tendu d’une réunion paritaire.

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Nous dissertons depuis longtemps ensemble sur ce thème du film de vacances de pur divertissement qui se regarde d’un transat, qui ne vous demandera ni barrage républicain, ni surveillance de l’Assemblée nationale. Un film déconnecté des réalités, chargé de second, voire de troisième degré, qui ne recule devant aucune audace stylistique, c’est-à-dire l’humour troupier, la fesse légère, le libertinage bon enfant et un nudisme d’atmosphère. Le choix est large. Si nos politiques peinent à former des gouvernements de cohabitation, nos réalisateurs ont été prolixes en la matière. Bien sûr, il y a les classiques, les indémodables, les bornes existentielles : « les sous-doués » de Zidi qui vaut pour la présence de Gérard Lenorman à l’écran ; « On a volé la cuisse de Jupiter » de Broca, car un été en Grèce sans Catherine Alric est un été raté ; « Un moment d’égarement » de Berri où le jeu de Christine Dejoux est d’un naturalisme désarmant, cette actrice, je le redis, a été sous-exploitée ; bien sûr « L’Année des méduses » de Frank avec une Caroline Cellier au paroxysme de son sex-appeal varois ou « L’Hôtel de la plage » de Lang avec une Sophie Barjac aussi émouvante que Marie Dubois. Pour ceux qui aiment vraiment rire, « Pauline à la plage » réserve quelques passages poilants, le meilleur rôle d’Arielle reste, sans conteste, son interprétation déclamatoire dans « Miami Vice ».

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Cette année, j’ai décidé d’appliquer une méthode scientifique pour déterminer les critères objectifs d’un film de plage réussi. J’en ai dénombré quatre. Le premier étant la présence de Guy Marchand, le deuxième doit figurer au générique au moins une actrice italienne parmi les nommées (Vitti, Sandrelli, Martinelli, Massari et Virsi), le troisième, réunir un aréopage de jeunes comédiennes françaises secrètes et peu frileuses, et le quatrième, un meurtre en pleine saison. Un film d’été sans un mort, c’est une coalition sans couacs. J’ai trouvé l’objet, il s’agit de « Noyade Interdite » de Pierre Granier-Deferre. Il répond en tout point à nos règles. Guy Marchand joue un inspecteur velu et narquois. Stefania Sandrelli étrangement doublée en version française justement par Martine Sarcey incarne un agent immobilier assez crédible et tentateur ; toute la jeune garde est là, elles sont dorées, piquantes, énigmatiques et insoumises, elles s’appellent Marie Trintignant, Gabrielle Lazure, Elisabeth Bourgine et Anne Roussel, et il y a plusieurs meurtres pour rameuter les touristes et les radios locales. Si l’on ajoute à ce tableau déjà très affriolant, Philippe Noiret mal rasé conduisant une Rover V8, Andréa Ferréol, veuve en colère exponentielle, et Dominique Zardi vendant des chouchous, on a le quinté gagnant !

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Journaliste et écrivain. A paraître : "Et maintenant, voici venir un long hiver...", Éditions Héliopoles, 2022

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