L’athlète Hugo Hay a fustigé le président de la République dans la presse, lui reprochant de s’approprier tout le crédit des Jeux olympiques aux dépens des sportifs. On peut bien sûr critiquer Emmanuel Macron sur bien des points mais il ne faut pas exagérer. Le billet de Philippe Bilger.
Hugo Hay, qui s’est qualifié pour la finale du 5 000 mètres, a déclaré dans L’Humanité : « Emmanuel Macron est hors-sol […] Je voudrais lui dire que ce ne sont pas ses Jeux, mais ceux des athlètes » (Ouest-France).
On ne peut pas me taxer d’être un inconditionnel de notre président de la République mais il me semble que parfois on charge trop la barque à son détriment. Par exemple avec ce propos de Hugo Hay. J’ai conscience qu’il n’y a pas là matière à un débat capital mais Emmanuel Macron est trop à la peine dans les sondages pour qu’un peu d’équité ne soit pas nécessaire !
Sur le premier point, il est clair que, comme tous ses prédécesseurs confrontés à de grandes manifestations sportives organisées en France, il cherche à les exploiter à son profit. En espérant que l’enthousiasme collectif et la joie patriotique suscités par les succès des Français retombent un peu sur lui et qu’on le crédite au moins en partie de cette parenthèse magique. Ce n’est que trop naturel et il me paraîtrait injuste de lui en faire grief.
Alors, bien sûr, Hugo Hay a raison, ce ne sont pas les Jeux du président, ce ne sont pas SES Jeux. Mais m’est-il permis de souligner que, comme pour nous tous, il a droit à une petite part et que ce ne serait pas équitable de lui dénier la liberté de s’en approprier, chaque jour, ce qu’ils ont eu de meilleur ?
Je devine bien ce qui a pu irriter Hugo Hay dans les postures du président, toujours cette manière ostentatoire d’étreindre, de se servir du corps des champions quasiment à des fins personnelles. Hier Kylian Mbappé, aujourd’hui Teddy Riner, ou Romane Dicko pour la consoler. J’admets que c’est agaçant mais personne n’est dupe : cela ne le rend pas propriétaire exclusif de ces Jeux. Il est juste un homme dominé trop souvent par des élans peu adaptés à son statut. Rien de plus, rien de moins !
Pour conclure, le bilan du président, depuis sa réélection, n’est pas à ce point fourni qu’on puisse le priver d’une réjouissance à la fois sportive et festive qui dans l’ensemble a été à la hauteur. Sinon, que lui resterait-il ?
20 minutes pour la mort : Robert Brasillach : le procès expédié
Price: 18,20 €
19 used & new available from 11,85 €
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !