Après la ville de Bruxelles qui refuse d’organiser un match de foot avec l’équipe israélienne, c’est une jeune équipe de frisbee israélienne qui ne peut pas se présenter sur le terrain à Gand. On évoque des raisons de sécurité… le tout sur fond d’antisémitisme larvé qui règne en Belgique.
Après la ville de Bruxelles qui refuse d’organiser un match de foot avec l’équipe israélienne, c’est une jeune équipe de frisbee israélienne qui ne peut pas se présenter sur le terrain à Gand. On évoque des raisons de sécurité… le tout sur fond d’antisémitisme larvé qui règne en Belgique.
Il règne en Belgique un antisionisme compassionnel qui alimente à chaque conflit au Proche-Orient la haine anti-juive. Un phénomène ancien qu’il serait trop long ici d’analyser en profondeur. Mais pour la lilliputienne communauté juive de Belgique (25 à 30 000 âmes sur près de 12 millions d’habitants), l’heure n’est pas à la fête. Avant le début des vacances scolaires, les écoles juives interdisaient aux élèves de sortir ne fût-ce que pour s’acheter un sandwich. Les lieux cultuels, culturels et religieux juifs sont protégés en permanence depuis l’attentat au Musée juif de Bruxelles de 2014. Les Juifs mettent leur pendentif (l’étoile juive) dans leur tee-shirt et certains rangent le chandelier à 7 branches dans le tiroir lors de tout dépannage au cas où le technicien (gaz, télédistribution, chaudière,…) serait musulman radical. Quand vous commandez un Uber-eats, mieux vaut inscrire un patronyme chrétien… Et cacher la kippa sous la casquette est indispensable… même dans les aéroports et les gares du pays.
Le 4 août, le magazine « humoristique » flamand Humo a laissé passer un appel au meurtre des Juifs signé d’un de ses éditorialistes (et digne de la prose de Drumont, Céline ou Brasillach). L’écrivain Herman Brusselmans écrit, face à la détresse des Gazouis : « Le Moyen-Orient va exploser, avec des conséquences désastreuses pour le reste du globe. Et tout cela à cause d’un petit Juif gros et chauve qui porte le nom inquiétant de Bibi Netanyahu et qui, pour une raison quelconque, veut s’assurer que le monde arabe tout entier soit anéanti. […] Je suis tellement en colère que j’ai envie d’enfoncer un couteau pointu dans la gorge de chaque Juif que je rencontre ».
Le CCOJB (Comité de coordination des organisations juives de Belgique) s’émeut et parle d’idées dignes des années 30. L’association juive européenne (European Jewish Association – EJA) annonce poursuivre en justice le magazine Humo et l’écrivain Herman Brusselmans. UNIA (institution publique indépendante qui lutte contre la discrimination) introduit une plainte au tribunal correctionnel contre l’écrivain considéré comme un des « innovateurs » de la littérature flamande. La Ligue belge contre l’antisémitisme également. L’intéressé trouve ces réactions « débiles ». En décembre, il écrivait déjà : « Israël utilise les mêmes méthodes pour détruire une race entière que les Allemands […] Il n’est pas inconcevable que quelqu’un, n’importe qui, devienne antisémite contre sa nature ».
C’est dans ce contexte lourd que la ville de Gand a décidé d’interdire de championnat européen de frisbee la délégation israélienne composée de jeunes de 13 à 17 ans « en raison de l’antisémitisme local ».
« À 6 heures du matin, le premier jour de la compétition, alors que nous sommes déjà en Belgique et que nous nous préparons à concourir, le chef de la délégation reçoit un message indiquant que, pendant la nuit, nos courts ont été vandalisés par des graffitis antisionistes et que l’on craint des manifestations pro-palestiniennes », écrit la délégation d’Ultimate Frisbee. « Il nous est donc interdit de jouer sur le même court et, par conséquent, nous ne pourrons pas participer au tournoi. Malgré les efforts du ministère des affaires étrangères et des sports, de l’ambassade d’Israël en Belgique et de l’association « Eilat » qui nous a accompagnés tout au long du processus, nous avons réussi à empêcher le premier jour des jeux et à le reporter jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée, une annonce officielle a été publiée hier soir (6.8.24) par le bureau du maire, interdisant la participation de l’équipe au tournoi et même son apparition en tant que spectatrice dans la compétition ».
Impression de déjà-vu puisque en juin dernier, la ville de Bruxelles a refusé d’organiser une rencontre de football entre la Belgique et l’équipe israélienne sur son territoire, invoquant là-aussi des raisons de sécurité… De deux choses l’une : ou bien Israël n’est pas le bienvenu en Belgique ou bien la Belgique est incapable d’assurer la sécurité d’Israéliens, tellement il y aurait de radicaux musulmans dans le pays… Dans le premier cas, c’est de la discrimination : dans le second cas, c’est un terrible aveu de faiblesse… qui a ému Georges-Louis Bouchez, président du Mouvement réformateur (l’équivalent de la Droite républicaine) qui a fait 30% des voix aux dernières élections législatives de juin 2024.
Il écrit sur Facebook : « On peut penser ce que l’on veut du conflit au Proche Orient. Mon point n’est pas là. Mais on parle simplement de la Belgique ! De notre démocratie libérale dans laquelle des enfants ne peuvent pas participer à une compétition sportive à cause d’excités de gauche et surtout d’une classe politique lâche et soumise ! Gand qui se veut une Ville lumière est devenue la Ville du déshonneur. Je n’ai plus de mot assez fort pour exprimer mon dégoût face à tant d’injustice. Mesdames et Messieurs, en Belgique, au 21ème siècle, des êtres humains ne sont pas traités comme les autres uniquement parce qu’ils sont juifs ou israéliens. Et le pire est que cela ne semble choquer personne ! Cette bonne presse toujours prompte à nous expliquer le bien et le mal semble être en vacances quand on parle des juifs […] »
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