Embargo russe : une aubaine pour tous


Embargo russe : une aubaine pour tous

fruit legume marche

Mercredi 6 août, la nouvelle est tombée : le président russe Vladimir Poutine a décidé de répondre aux sanctions par des sanctions. Il a ordonné d’  « interdire ou de limiter pour un an » les importations de certains produits agroalimentaires en provenance des pays qui ont mis en place des mesures de rétorsion économique contre la Russie. Et puisque le Kremlin a banni les pommes françaises des étalages russes, on ne peut pas s’étonner de l’inquiétude des agriculteurs.

Xavier Beulin, président de la FNSEA, a déclaré que « les productions qui ne vont plus aller sur la Russie vont sans doute se rabattre sur le marché européen, et l’on craint une situation de crise », avant de demander à rencontrer le président de la République « dans les meilleurs délais ». La Fédération des producteurs de fruits français (FNPF), quant à elle, craint un regain de concurrence avec les producteurs espagnols, qui pourraient inonder les étals nationaux avec des fruits refusés par la Russie. Une situation qui risque d’aggraver le « dumping commercial ».

Ainsi,  le citoyen français lambda qui écoute les bulletins d’information d’une oreille distraite dans un bouchon de l’A7 ou sur la plage, comprend que la situation est claire comme l’eau de mer des calanques : l’embargo russe précipite les maraîchers français dans la boue. Mais ceux qui ont suivi plus attentivement le sujet, cet été, pourraient arriver à la conclusion contraire : et si Poutine venait de sauver les pêches et les nectarines françaises ?

Non, ce n’est pas encore une théorie du complot. Il suffit de lire la presse du mois précédent et l’on trouve, par exemple, sur le site de France Info, l’information suivante, daté du 28 juillet : « Malgré un début d’été ensoleillé et des prix plutôt bas, la consommation de fruits et légumes français est en baisse de plus de 10% selon les syndicats de producteurs. Des représentants de la filière avaient rendez-vous avec Stéphane Le Foll au ministère de l’Agriculture ».

Bien avant que le vol MH370 soit abattu dans le ciel ukrainien, et avant même les dernières sanctions américano-européennes suivies de la réplique russe, le secteur était déjà en crise et ce, pour des raisons qui lui échappaient complètement. Jacques Rouchaussé, président du syndicat des Légumes de France, avouait alors son incompréhension : « On se pose beaucoup de questions parce que nos produits sont à disposition et ils sont très bons. En termes de chiffre d’affaires, c’est 20% en moins sur nos exploitations« .

Afin de lutter contre la désaffection des consommateurs français pour les fruits de leur patrie, Stéphane Le Foll avait promis de financer à hauteur de 200.000 euros une campagne de promotion des fruits et légumes français.

Mais ça, c’était avant. Depuis, les sanctions et contre sanction inscrivent ce problème franco-français dans une crise géopolitique majeure. Une crise qui ouvre le portefeuille européen.

Contre 200 000 euros de Paris, Bruxelles a engagé 125 millions (pour, précisons-le,  l’ensemble des secteurs et des pays touchés). Bien joué camarades !

Espérons seulement qu’une partie de l’argent, au moins, servira à traiter les causes profondes du mal agricole français, parce que Poutine ne sera pas toujours là pour sauver la mise !

*Sipa: GILE MICHEL/SIPA.00690620_000001

 



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est journaliste à Causeur

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